fievre_Ebola_1La Coupe d’Afrique des nations de football, programmée pour janvier prochain, sera-t-elle reportée?? Le Maroc pays hôte de la compétition en a fait la demande vendredi, pour des raisons sanitaires. Il n’est pas un secteur économique qui ne soit touché par la fièvre Ebola. Commerces, mines et frontières fermés, psychose dans les villes les plus touchées, annulations d’activités culturelles, report d’élections sénatoriales au Liberia, chute des recettes fiscales d’Etats déjà très endettés… l’impact économique et social de l’épidémie en Afrique de l’Ouest est, d’ores et déjà, dramatique.

Ebola a tué environ 3.700 personnes sur les 7.000 qu’il a officiellement infectées (on peut craindre que de nombreux cas ne soient pas recensés par manque de moyens pour accueillir et tester les cas suspects) dans les trois pays infestés, Sierra Leone, Guinée et Liberia. Le virus Ebola produit les mêmes effets qu’un «?embargo économique?» a déploré, en marge des réunions du FMI ce week-end, le ministre sierra-léonais des Finances, Kaifala Marah, résultat de l’isolement progressif des pays touchés ou du coup de frein donné à leur activité. Car, quelle que soit l’évolution de l’épidémie, son bilan humain sera aggravé par la seule perturbation de l’activité économique. «?Les recettes ont chuté dramatiquement et […] les dépenses continuent de flamber parce que notre budget ne prévoyait pas de devoir répondre à Ebola?», a souligné Kaifala Marah. La Sierra Leone prévoyait jusqu’ici 11,3 % de croissance cette année.

0,5?% du PIB du continent

 

La Banque mondiale a évalué dans un rapport récent à 32 milliards de dollars les pertes pour l’ensemble de l’Afrique d’ici à fin 2015, soit environ 0,5?% du PIB du continent. Un chiffre étonnamment faible au regard de la menace, que certains spécialistes de la santé aux Etats-Unis considèrent, à l’instar de Dr Tom Frieden, directeur des centres américains de contrôle et de prévention des maladies, comme sans précédent depuis trente ans, hormis le Sida, qui a fait 28 millions de morts à l’échelle de la planète.

En tout cas, les témoignages d’habitants des pays touchés donnent une impression dramatique… mâtinée d’une obstination à vivre normalement. «?Il n’y a pas de psychose à Conakry?», explique un homme d’affaires sur place, «?les commerces et les marchés sont ouverts, les gens sortent toujours le soir, le lycée français a enregistré une baisse de fréquentation d’à peine 20?%. On fait face, tout le monde prend les précautions nécessaires, on se lave les mains fréquemment mais la vie continue?». Avant d’admettre toutefois que «?personne ne se rend dans le centre du pays qui est infecté?».

A 5 kilomètres au nord, on pénètre donc dans une région sinon fantôme (les commerçants de Guinée forestière viennent s’approvisionner dans la capitale) du moins dangereuse. Ce qui explique, de même source, que toutes les mines du pays ont cessé leurs activités, certaines depuis avril, sauf deux mines de bauxite exploitées par des compagnies russe et américaine. Avec pour conséquence une chute importante des recettes fiscales. Si l’épidémie est partie de Guinée, où le «?cas zéro? » aurait été diagnostiqué en décembre 2013, la situation semble plus dramatique en Sierra Leone, où des régions entières sont coupées du reste du pays, barrages militaires à l’appui. Les problèmes financiers du pays peuvent encore compliquer la lutte contre l’épidémie.


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