ceniPour organiser ses élections présidentielle et locale en 2015, la Guinée aurait besoin de 57 millions d’euros. Un objectif financier inatteignable pour un pays dépendant déjà de l’aide internationale pour lutter contre le virus Ebola.

 

Le débat sur l’organisation des prochaines élections présidentielle et locale en 2015 fait rage en Guinée depuis plusieurs semaines. À ce jour, nul ne sait quand ces scrutins se tiendront même si la Commission électorale nationale indépendante guinéenne (Ceni) affirme avoir transmis un "budget provisoire" à l'Assemblée nationale. Ce budget n'a toujours pas été inscrit dans la loi de finances 2015.

 

Et pour cause, il est salé pour la Guinée. En effet, mardi 9 décembre, la Ceni a déclaré avoir besoin de 500 milliards de francs guinéens (57 millions d’euros) pour organiser ces futures élections.

 

Refus de l’aide européenne ?

 

L’aide internationale, notamment européenne, pourrait permettre de boucler ce budget. Pourtant, aucune demande n’a été formulée par Conakry. Pour le leader de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, le chef de l'État Alpha Condé chercherait à tout prix à s’affranchir d’une aide du Vieux Continent, et donc de la présence d’une mission d'observateurs électoraux européens lors de ces élections.

 

Le président guinéen éviterait ainsi de voir se répéter la situation des élections législatives en 2013. Des experts de l’Union européenne avaient critiqué l’organisation du scrutin après que la Ceni leur a refusé la supervision du décompte des voix. Le parti d’Alpha Condé avait fini en tête du scrutin avec 46 % des voix contre 30 % pour l’opposition, qui avait contesté les résultats.

 

"Une situation très délicate"

 

La Guinée peut-elle financer entièrement les élections au nom de la souveraineté, alors qu’elle est dépendante de l’aide internationale dans la lutte contre Ebola ? De l’aveu même du président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, qui s’exprimait mardi 2 décembre au Parlement, la Guinée se trouve "dans une situation [économique] très délicate".

 

Deux raisons majeures à cela : l’épidémie d’Ebola, qui ralentit considérablement les investissements et les projets en cours mais aussi la baisse du prix des matières premières, tels que la bauxite ou le fer, principales sources de revenus du secteur minier. Les perspectives ne sont pas bonnes non plus : selon la Banque mondiale, la croissance a été réduite de moitié en 2014 et la Guinée entrera même en récession en 2015.

Plus de 100 millions d’euros de dons

 

La Guinée, pays pauvre où la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, doit plus que jamais son salut à l’aide internationale. La Banque mondiale a d'ailleurs débloqué mi-novembre en urgence 40 millions d’euros à ce pays pour la lutte contre Ebola. Mardi 9 novembre, c’est l’Union européenne qui signait son 11e fonds européen de développement (FED) accordé à l’Afrique de l’Ouest, dont 31 millions uniquement destinés à la Guinée.

 

À cela s’ajoutent les nombreux dons de matériels japonais, de médicaments chinois, ou de camions belges, ou encore les 35 millions d’euros de dons de la Banque islamique de développement (BID). Au total, c’est au moins 100 millions d’euros de dons que la Guinée aurait touché depuis le début de l’épidémie en janvier 2014.

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