enfant_execute_usaGeorge Stinney Jr fut exécuté en 1944 pour le meurtre de deux jeunes filles. Il avait 14 ans et demeure à ce jour le plus jeune condamné à mort de l'histoire des Etats-Unis. 70 ans plus tard, il pourrait finalement être innocenté...

 

George Stinney Jr, jeune garçon noir de Caroline du Sud (sud des Etats-Unis), meurt sur la chaise électrique en 1944, à l'âge de 14 ans. Accusé du meurtre de deux petites filles blanches, Betty June Binnicker, 11 ans, et Mary Emma Thames, 8 ans, dans la ville d'Alcolu, George Stinney est rapidement condamné lors d'un simulacre de procès expédié en trois heures. La délibération du jury, composé de douze hommes blancs, dure à peine dix minutes. Son sort est scellé. Trois mois plus tard, il est exécuté.

 

En 2009, sa soeur saisit la justice, bien déterminée à restaurer l'honneur de la famille. Après plusieurs années de luttes juridiques, les partisans de George Stinney ont enfin obtenu gain de cause. Ce mercredi en effet, le juge Carmen Mullins a finalement tranché en faveur de la requête et annulé la décision controversée de l'époque, relaient le Nouvel Obs et NBC News. La première étape cruciale d'une révolte contre l'injustice.

 

En 1944, l'âge de la majorité pénale était fixé à 14 ans dans l'Etat de Caroline du Sud. Dans sa décision rendue mercredi, la juge Carmen Tevis Mullen de cet Etat du sud-est des Etats-Unis a affirmé que la procédure judiciaire contre George Stinney avait été entachée de "violations fondamentales et constitutionnelles d'un procès régulier". "Je n'ai pas souvenir d'un cas où abonderaient autant de preuves de violations des droits constitutionnels avec une telle injustice", écrit la magistrate.

 

Un seul jour de procès

George Stinney avait été arrêté après la découverte dans un fossé de Betty June Binnicker, 11 ans et Mary Emma Thames, 7 ans, battues à mort. Les deux fillettes avaient disparu après une balade à vélo dans la petite ville d'Alcolu, marquée par la ségrégation et où la plus grande entreprise était la scierie locale. Lors d'un procès qui n'a duré qu'une seule journée, la police a affirmé avoir obtenu des aveux de l'adolescent, bien qu'on n'ait jamais retrouvé aucune preuve écrite dans les archives judiciaires.

 

Avocat et jury blancs

Son avocat, un collecteur d'impôts blanc alors en pleine campagne pour sa réélection, avait convoqué très peu de témoins, ne s'était livré qu'à des simulacres de contre-interrogatoires et n'avait pas cherché à repousser la date du procès. "Il apparaît qu'il avait très peu, voire rien fait pour défendre Stinney", écrit encore la juge. Il n'avait fallu que quelques minutes au jury, exclusivement composé d'hommes blancs, pour condamner l'adolescent à la peine de mort. Son avocat n'avait pas fait appel, ce qui aurait pu suspendre l'exécution.

 

En épluchant les minutes du procès, la juge Mullen explique qu'elle n'a trouvé aucune allusion à la présentation aux jurés de l'arme du crime, sans doute une barre ou une tringle en fer. Quant aux aveux de Stinney, la juge estime que le policier les lui avait arrachés de "manière indûment suggestive, non-conforme avec les codes de la procédure pénale".

 

Soulagement et indignation

Après l'exécution, à peine trois mois après les meurtres des deux fillettes, la famille Stinney avait fui la ville, par peur des représailles. Ses frère et soeur, aujourd'hui septuagénaire et octogénaire, étaient lancés depuis des années dans un combat judiciaire pour réhabiliter le nom de leur frère. "Je suis si heureuse, cette décision n'a que trop tardé", a confié sa soeur Katherine Stinney Robinson au journal local.

 

La nièce de Betty June Binnicker, une des deux fillettes tuées, s'est en revanche montrée indignée par cette décision. "Nous savions tous que Betty June avait été tuée, de quelle manière et par qui. Nous avons grandi avec cela", a déclaré Frankie Bailey Dyches à la presse locale. "Cela les contrarie qu'il ait été exécuté si jeune mais c'était comme ça que fonctionnait la loi à l'époque", a-t-elle ajouté.

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