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Diaspos, diaspourris et diasripoux ne tiennent plus tranquilles à l’approche de la prochaine mamaya présidentielle guinéenne. Et l’insigne nomination du général Boureima Condé à la tête du ministère de l’Administration du Territoire les plonge presque tous dans le désarroi.

Afakoudou ! Il y a de quoi se biler. Boureima Condé a été sous-préfet, préfet dans N’Zérékoré pendant la dictature de Lansana Conté, gouverneur de la dite région par la grâce de Moussa Dadis Camara, le pharaon d’alors du CNDD, et ministre de l’agriculture sur instrumentation du bidasse Sékouba Konaté alors président intérimaire du bled.

Qui ne sait pas que pour permettre à Goby Condé, l’autocrate du palais Gokhi Fokhès, de rester scotché au trône, il lui faut absolument un pion imprégné des magouilles de l’administration guinéenne en matière électorale et qui saura s’imposer à elle ? Boureima Condé, réputé pour sa parlotte à bluffer et à rouler dans la farine ses interlocuteurs, sait qu’il fait l’affaire de Goby Condé. « Qu’on le sache, déclare d’ailleurs Boureima, la veille de sa prise de fonction, sur toute l’étendue du territoire nationale, l’administration est là à travers les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les maires, les présidents de district, les chefs secteurs, il n’y a pas un centimètre carré de la superficie totale de la Guinée qui échappe quelque part à une autorité de l’administration territoriale. » C’est clair, non ? Mborré ! Concentre ton esprit sur la dernière phrase : « il n’y a pas un centimètre carré de la superficie totale de la Guinée qui échappe quelque part à une autorité de l’administration territoriale. » Les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les maires, les présidents de district, les chefs secteurs dans le bled savent de quoi il retourne quand Boureima, leur patron, use du mot « autorité » dans son propos.


Afacaya ! Pour emprunter ce bel juron à Ansoumane Doré dans son roman « ALLAMAKO à l’ombre des fromagers », l’opposition républicaine aura non seulement à affronter Goby Condé pendant les démonstrations de force électorale à la présidentielle de 2015 mais elle aura surtout intérêt à éviter de se faire broyer par la machine administrative de Boureima Condé. La tâche sera ardue. Et ça inquiète sérieusement beaucoup d’expatriés rêveurs d’une alternance démocratique, sincère et juste à cette prochaine présidentielle. Cette hantise habite l’esprit de beaucoup de diaspos, diaspourris et diasripoux qui craignent à juste titre un détournement des bulletins de vote des électeurs Guinéens dans les urnes par le fait d’un second resquillage de la présidentielle de la part de Gobykhamé.

Sentant cela des politicards guinéens les ont alors invité à mémérer sur « La situation politique de la Guinée : quelle stratégie pour l’opposition pour une alternance démocratiques en 2015 ? » Avec comme beaux parleurs : le trublion Bah Oury, vice-président de l’UFDG, Barry Gandhi Haroun, ce citoyen guinéen qui se mêle de ce qui le regarde sur internet, et le hargneux Lamarana Petty que vous connaissez bien.

L’on sait qu’il ne sert à rien d’avoir de beaux parleurs au présidium s’ils n’ont pas en face d’eux des râleurs, des persifleurs, des tapageurs, des aigris qui ont une dent contre le régime autocratique de Goby. Ces malins organisateurs de ce bavardage politique ont pensé à tout. Il leur a suffi tout simplement d’inviter trois paroliers du barreau de Paris que sont Me Philippes Sande, Me Jean Pierre Berthilier et Me Saliou Bobo Taran Diallo qui sont aussi habilités à montrer aux demandeurs d’asile comment se tirer d’affaire en bougonnant sur leurs histoires devant les implacables fouineurs de l’OFPRA et de la CNDA. Et cet après-midi là, la stratégie de rassemblement a presque marché. De jeunes diaspos tirés à quatre épingles, des diaspourris emmitouflés dans leurs vieilles vareuses, des diasripoux qu’on reconnaît à leur mine sournoise, une petite poignée de viocs, quelques jeunes dames et des nourrices et leurs marmots déboulent 177, rue de Charronne dans le 11 ème arrondissement de Paris. Ils remplissent la salle qui craque sous le poids de leur nombre comme quand votre chemise devient subitement petite à votre taille et craquette du fait de vos nouvelles rondeurs. Le bavardage des diseurs sur le thème du jour s’enclenche avec la prise de parole de Bah Oury aux environs de 15h 30. Comme on s’y attendait : il a encore enflammé les esprits en passant en revue les dantesques réalités sociales, économiques et politiques de la Guinée sous le diktat de Goby Condé.Il a dénoncé les micmacs de Goby qui fait tout pour s’accrocher au Kibaniyi. « La CENI (Commission Electorale Nationale indépendante) est un appendice du ministère de l’Administration du Territoire. La CENI ne fonctionne pas correctement. » Et s’agissant du fichier électoral, « rien n’est clair » dans ça.

Gobykhamé qui se piquait de transformer la Guinée en empyrée merde dans tout ce qu’il fait. En ce sens que la contrée est réduite en marmelade, en piteux état. L’Union Européenne propose 25 millions d’euros pour financier les élections présidentielles. Gobykhamé a rejeté l’offre parce qu’il ne veut pas que les observateurs de l’Union Européenne assaisonnent le brouet qu’il veut faire boire de force aux électeurs guinéens. Face à cette situation « que faut-il faire ? » interroge le politicien vedette de la conférence. Si vous avez un lecteur de pensée, l’on vous invite à pénétrer tout à trac dans la caboche de Bah Oury pour comprendre tous les sous-entendus de ses propos qui ne souffrent en fait d’aucune ambiguïté. Le vice-président de l’UFDG voit lui aussi d’un très mauvais œil l’avènement de Boureima Condé aux manettes du ministère de l’Administration du Territoire. Il le qualifie de « langue mielleuse » qui est là pour « faire avaler la couleuvre à tout le monde. Tout cela est une vaste tromperie. » Il martèle que si on ne fait pas les élections communales, « on va disloquer la Guinée. » A l’en croire « organiser les communales, ça permet à tous les partis significatifs d’avoir des représentants dans le pays. Ça sauverait la Guinée du syndrome centrafricain. Faire l’impasse là-dessus c’est sacrifier la Guinée. » Bah Oury est un politique très critique. Il fustige ce comportement outrancier des donzos qui débarquent dans un tribunal et menacent et changent des procédures judiciaires concernant un citoyen guinéen. Des donzos qui transforment un palais de justice de Cona-cris en Tour de Babel à l’image d’ailleurs du palais présidentiel Gokhi Fokhès. Coup de sang de Bah Oury qui crie : « Il n’y a pas plus démocratique que de dire aux citoyens : reprenez votre destin entre vos mains. » A l’écouter égrener toutes les merdes qui plombent les développements économiques, sociaux et politiques du pays, on lui donnerait raison qu’effectivement tout est assemblé pour que la Guinée implose d’un moment à un autre. De tout son sérieux, Bah Oury déclare d’un ton grave : « Il faut pointer les dangers. Si Alpha Condé organise la présidentielle, les lendemains seront amers pour la Guinée et pour la sous-région. Il faut ouvrir les yeux et se rendre compte qu’on est devant un danger. Il faut tout faire pour éviter la guerre civile pour cela il faut que les Guinéens reprennent leur destin entre leur mains. » Sur ce il rend enfin la parole que capte aussitôt Lamarana Petty qui se déporte dans le passé lointain pour traiter de sa « problématique de l’unité nationale » comme un élève studieux qui bouquine sur son exposé. Il ressort de son long exposé qu’en Guinée les formations politiques ont pour soubassement l’ethnocentrisme, le clanisme. Il les qualifie d’ailleurs de « transparentales » en disant : « Il y a plus de parenté dans les partis que de transversalité. » Plus loin, il pontifie qu’ « il faut inventer le nouveau guinéen » pour sortir le bled de l’auberge. Sékou Touré, le premier dictateur guinéen, ne s’était-il pas essayé à inventer « un nouveau guinéen » ? Ah, non ! Sékou Touré, lui, avait plutôt fabriqué « un nouveau guinéen » pour les causes de sa révolution. C’est sûrement différent du « nouveau guinéen » à inventer. N’est-ce pas Lamarana Petty ?

En attendant écoutons aussi Ghandi qui parle sans fard de ce qui trottine dans sa tête. Il ne croit pas trop à l’efficacité des partis politiques guinéens à pouvoir renverser la vapeur en gommant Goby du pouvoir. Les partis politiques s’empêtrent dans des discours oiseux. Ça ne paye pas ! Pour Ghandi il faut passer à l’action en agissant. Pour se faire lui et dix autres individus de la société civile créent « Le collectif » pour agir sur le plan judiciaire. « Militer ça gagne pas d’argent mais ça prend du temps. Celui qui a envie d’agir dans Le collectif inscrit son nom et ses coordonnées sur la feuille que je vais vous passer pour que je puisse vous contacter. Je peux faire tout seul mais j’ai besoin de vous. » Ah ! Ah ! Ghandi peut faire tout seul mais il a quand même besoin de tapageurs pour vendre son truc. Son argument d’aller directement à la CEDEO pour porter plainte contre Goby qui foule aux pieds les droits de l’homme fait mouche. La feuille circule et plus de quatre vingt (80) plaisantins y griffent leurs noms et leurs numéros de téléphones et mêmes leurs adresses électroniques.


Les interventions des trois avocats ont focalisé l’attention de l’assistance. Des centaines de demandeurs d’asiles politiques accrochés à leurs lèvres qui leur expliquent comment s’y prendre devant les instances françaises de droit d’asile. « Du temps du régime de Lansana Conté, j’ai défendu beaucoup de Rpgistes. C’est un peu surprenant aujourd’hui, déplore Jean Pierre Berthilier, au regard du nombre de Guinéens demandeurs d’asile politique : on a tellement défendu Alpha Condé qu’on se dit que tout était artificiel. » Et tout à trac, il soutient que « chaque dictateur à son ennemi préféré. L’ennemi le plus redoutable d’Alpha Condé c’est Bah Oury. » Et Bah Oury, avant la faim des bavardages se lève discrètement du présidium pour filer à l’anglaise. « Hé ! » lui crie un organisateur en lui rappelant les bonnes manières. Bah Oury revient sur ses pas, présente ses ex-cui-cui par le cousinage à plaisanterie. Ça marche ! Mais ça casse le rassemblement des jeunes diaspos, diapourris et diasripoux qui se raclent les méninges sur le thème de la conférence. Aussitôt après la sortie de Bah Oury, les organisateurs ont eu toutes les peines du monde pour maintenir l’assistance dans la salle de défoulement.


C’est du sabotage ça, Bah Oury. Tension…Hein ! Si tu sais que tu n’as le temps reste dans ton coin. Ne viens pas nous exciter à Paris et tu te fais la paire sans nous accorder la séance de photos pour les papiers. Ou bien, mbarring !

Benn Pepito