electionL’autre jour, un responsable de province d’un grand parti politique de l’opposition guinéenne m’appelle pour me dire que le recensement des guinéens de France a débuté cette semaine. Elle m’informait par la même occasion que la CEAMI, démembrement de la CENI à l’étranger, était à pied d’œuvre à Paris, à l’ambassade de Guinée en France.

En tant que militant de base, je lui confirmais bien cette information. Je lui précisais qu’un communiqué paru sur le net, conviait les partis politiques représentés en France à une réunion le lundi passé pour installer la CEAMI et les SCARLE et lancer les travaux d’enrôlement jusqu’au 10 juin prochain.

Elle m’a fait deux observations judicieuses que je voudrais partager avec vous.

Premièrement, elle m’a demandé ce qu’on comptait faire pour permettre le recensement massif des guinéens de France. Elle me rappela à cette occasion la promesse faite par notre parti de tout mettre en œuvre pour l’enrôlement effectif des guinéens habitant les provinces françaises. En effet, ce principal parti d’opposition qui a réalisé une implantation remarquable de ses structures dans les principales villes de France, était allé à la rencontre des guinéens. Ces derniers avaient alors exprimé une revendication forte de leur recensement grâce à l’installation de bureaux de vote de proximité. Ils entendent exercer leur droit inaliénable de citoyen en participant aux élections nationales.

L’équipe d’alors, qui n’a pas été reconduite dans ses fonctions, avait aussitôt engagé des démarches auprès de la direction nationale du parti qui a mobilisé son groupe parlementaire à l’assemblée nationale avec le dépôt d’un projet de loi en faveur du vote effectif des guinéens de l’étranger. Parallèlement, elle avait pris des résolutions pour tout mettre en œuvre au niveau local, d’une part pour un pré-recensement des guinéens de France et d’autre part la délocalisation effective des bureaux d’enrôlement dans les principales villes de France accueillant une forte communauté de guinéens comme Lyon, Marseille, Lille, Strasbourg, Bordeaux et Nantes… Des démarches opportunes devaient être aussitôt entreprises auprès de la CEAMI et de l’ambassade de Guinée en France pour la réussite de cette opération.

Secundo, mon interlocutrice venait de faire un test instructif. Elle avait appelé ses connaissances en région parisienne pour leur demander si elles étaient recensées. Non seulement, ces personnes ne sont pas recensées, mais plus inquiétant, aucune d’entre elles n’était informée que les opérations de recensement étaient en cours à l’ambassade de Guinée à Paris.

Il faut dire que seuls environ 4200 personnes sur les 80 000 guinéens compte la communauté en France sont effectivement recensées, soit une part insignifiante de ses membres. C’est dire le travail immense de mobilisation qui reste à faire pour les partis politiques d’opposition. Il appartient à l’opposition guinéenne en France, notamment au premier d’entre eux, de se mobiliser rapidement pour informer massivement ses concitoyens sur cette opération de recensement et les enjeux pour l’avenir de notre pays.

Elle doit également accompagner le recensement par sa présence, son assistance aux guinéens et en obtenant la simplification au strict minimum des justificatifs demandés aux guinéens avides de reconnaissance et de considération.

Sinon, à quoi sert un parti politique qui se décarcasse pour quadriller toute la France si ses militants et sympathisants ne peuvent toujours pas s’exprimer dans les urnes.

De la mobilisation des partis politiques d’opposition dépend à la fois la réussite de l’opération de recensement en cours et la pérennité de leur implantation durable sur toute l’étendue du territoire français.

Il leur appartient de relever le défi pour que tous les guinéens de l’étranger jouissent effectivement et réellement de leur droit de vote.

En définitive, le vote des guinéens de l’étranger est un enjeu stratégique un peu négligé. Pourtant, l’enrôlement effectif et le vote des 3 à 4 Millions de guinéens de l’étranger aux prochaines échéances présidentielles feraient la différence et donneraient un avantage décisif à l’opposition. Aplha Condé en a tout à fait conscience et fait tout pour que cela ne se fasse pas ou se fasse à dose homéopathique comme par le passé. L’opposition devrait en faire l’un de ses chevaux de bataille.

Ne dit-on pas que les batailles perdues d’avance sont celles qu’on n’a pas menées !

Partis politiques de l’opposition guinéenne, à vos marques !

Mahmoudou BARRY

Paris, France