fievre_ebola_4Sept semaines après l'annonce officielle de l'éradication du virus au Liberia, la mort d'un adolescent porteur du virus ranime les inquiétudes.


Un jeune homme de 17 ans, décédé le 24 juin à quelques kilomètres au sud de la capitale libérienne Monrovia, a été confirmé positif au virus Ebola avant sa mort. Cette nouvelle survient sept semaines après l'annonce officielle de l'Organisation mondiale de la santé de la fin du risque épidémique au Liberia, en raison de l'absence de nouveaux cas déclarés depuis 42 jours (deux fois la période d'incubation maximale du virus).

 

L'origine de la contamination est à ce jour inconnue, mais Tolbert Nyenswah, le ministre libérien de la Santé, a annoncé que des recherches sont déjà en cours dans la région où l'adolescent est mort. Cette zone étant assez éloignée des frontières avec le Sierra Leone et la Guinée, deux pays où le virus continue de faire des victimes, l'enquête devrait se concentrer sur les déplacements effectués par le jeune homme avant sa mort.

 

«Nous avons dit et redit qu'il était possible que le virus revienne au Liberia, a déclaré mardi Tolbert Nyenswah à Associated Press, mais nos équipes de surveillance et les moyens mis en place sont très importants». Les autorités sanitaires libériennes ont adopté un discours rassurant, en conseillant notamment aux Libériens de «vaquer à leurs activités habituelles», mais ont tout de même demandé à la population de «continuer de prendre des mesures préventives.»

 

Rosa Crestani, coordinatrice de l'intervention Ebola pour Médecins sans frontières, qui s'est rendue en Guinée la semaine dernière, confie au Figaro: «Nous ne sommes pas très surpris de ce retour d'Ebola au Liberia. Même s'ils ont un système de surveillance efficace, ils ne peuvent pas empêcher la population de se déplacer. L'épidémie n'est pas encore sous contrôle.»

Rester vigilant

 

Fatoumata Lejeune-Kaba, porte-parole de la Mission des Nations unies pour l'action d'urgence contre Ebola, relativise sur ce cas unique: «C'est malheureux car les Libériens ont respecté très sérieusement les mesures de prévention. Nous espérons que leur expérience de cette épidémie les place dans une position privilégiée pour endiguer la contamination.»

 

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon a rappelé au début du mois qu'aussi longtemps qu'il y aura un cas d'Ebola en Afrique de l'Ouest, «tous les pays courront un risque.» Avec ses 1300 kilomètres de frontière commune avec la Guinée et le Sierra Leone, le Liberia se doit de rester vigilant.

 

«Il faut rester en alerte, ne pas baisser les bras, même si on est tous fatigués, même si on est tous frustrés. Il faut avoir de la patience, continuer à sensibiliser les populations car c'est dans la participation communautaire que résident les solutions. Par exemple, les familles doivent apprendre à ne pas enterrer les victimes selon les traditions afin de ne pas propager l'épidémie», explique Rosa Crestani.

 

Le virus, qui a tué plus de 11.200 personnes dans la corne de l'Afrique depuis le début de l'épidémie en décembre 2013, n'est toujours pas maîtrisé dans ces pays, où le nombre de malades était en recrudescence ces dernières semaines.

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