sekouba_konate_3L’histoire s’accélère en Guinée. Les anciens dignitaires du CNDD sont rattrapés par leur passé. La justice guinéenne a déjà inculpé une quinzaine de personnes dont Dadis Camara, Toto Camara, Maturin Bangoura. Mais, dans le lot des inculpés, il manque un gros bonnet qu’on a presque perdu de vue en la personne du ministre de la Défense du CNDD, Sékouba Konaté.

Pendant que ses anciens compagnons se font cueillir un par un, Sékouba se coule des jours heureux aux Etats-Unis avec sa famille. Dans le trio de tête du CNDD, Sékouba Konaté est le seul à ne pas être inquiété. Il n’est jamais auditionné par les juges chargés du dossier du 28 septembre 2009. Les familles des victimes ne comprennent pas l’impunité accordée à Sékouba. « Pourquoi il n’est pas entendu encore moins inculpé?» s’interrogent des victimes abusées.

Pourtant, les éléments de preuves pour confondre Sékouba ne manquent pas. Pour s’en convaincre, il suffit le lire le rapport de Crisis Group daté du 16 octobre 2009. Au lendemain du drame, l’organisation internationale avait établi un rapport détaillé dans lequel est décrit le rôle joué par Konaté dans le recrutement des milices ethniques qui avaient participé activement à la répression en 2009.

Nous vous livrons les extraits du paragraphe concernant Sékouba Konaté :

« C. LA DIMENSION MILITAIRE

Les divisions au sein de la junte, qu’elles se fassent selon des logiques ethniques ou simplement entre individus et factions, et l’instabilité qu’elles créent, sont une autre raison pour laquelle la junte ne doit pas rester au pouvoir. Les événements du 28 septembre et la création de milices ethniques en offrent une preuve supplémentaire. Les milices ethniques, recrutées pour appuyer le CNDD et qui comptent maintenant plus de 2 000 membres, sont entraînées dans un camp à Kaliah, à cinq kilomètres de Forecariah et à environ 100km de Conakry. Les recrues ont déclaré à Crisis Group être entraînées par des expatriés blancs pour maintenir l’ordre pendant les élections.

Le ministre de la Défense, Sékouba Konaté, un personnage-clé dans la structure actuelle du pouvoir, entretient des liens importants avec des groupes rebelles et miliciens issus des passés récents de la Guinée et du Libéria. Il a établi, au fil des années, un réseau de relations important au sein de l’armée et de la communauté affairiste et a apparemment acquis un contrôle considérable sur l’attribution de contrats gouvernementaux. L’attribution d’un contrat à la compagnie américaine SCS Hyperdynamics pour l’exploration conjointe de réserves de pétrole off-shore a par exemple été obtenue avec son soutien.

Konaté avait été nommé par Conté pour superviser les opérations des rebelles du LURD à Macenta en raison de son expérience dans les conflits libérien et sierra léonais. Il a des liens forts avec les dirigeants et les troupes du LURD et est actuellement particulièrement lié à Aisha Damate Conneh, un personnage important dans cette organisation, et assure la protection de sa maison à Conakry. Il a également pu obtenir des emplois pour d’anciens combattants du LURD auprès de la compagnie de téléphonie mobile Cellcom. Ces liens apportent un certain éclairage à la présence supposée de Libériens parmi les hommes armés qui ont attaqué et tué des manifestants le 28 septembre. De plus, plusieurs sources crédibles affirment que Konaté, ou des personnes agissant sur ses ordres, ont recruté de jeunes hommes de son groupe ethnique malinké pour grossir le contingent du camp militaire d’entraînement de Kaliah. »

Vous pouvez lire l’intégralité du rapport en cliquant ici.

Vu ces arguments, l’inculpation de Sékouba Konaté est inévitable. Dans les prochains jours, les Guinéens sauront si la justice guinéens est indépendante ou téléguidée par Alpha Condé.

Frederic Haba pour www.guinee58.com