candidats_2015Les sept adversaires au président sortant Alpha Condé ont réclamé lundi 12 octobre l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle en Guinée qui s’est tenu la veille, sans attendre les résultats, assimilant les nombreuses difficultés d’organisation à « une fraude massive ».

Le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme, mais sous tension. La campagne d’Alpha Condé le donne réélu dès le premier tour, un objectif que ses concurrents jugent irréalisable sans fraude caractérisée. Et ce, cinq ans après une victoire à l’arraché au second tour sur le chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Bien qu’aucune statistique de participation nationale ne soit disponible, les Guinéens ont voté massivement dimanche 11 octobre, malgré des difficultés en tout genre : retards, manque de matériel, électeurs sans carte ou au contraire munis de carte mais ne figurant pas sur le registre de leur bureau, listes sans ordre ni alphabétique ni numérique. Les premiers résultats n’étaient pas attendus avant mardi.

« Une mascarade » électorale selon l’opposition

« Ca a été une mascarade, une fraude massive qui a été organisée toute la journée et qui continue aujourd’hui à nouveau dans les commissions administratives de centralisation de vote », a déclaré M. Diallo au cours d’une conférence de presse conjointe avec les six autres concurrents d’Alpha Condé.

« La Céni [Commission électorale nationale indépendante] ne peut pas décider qu’on peut voter sans enveloppe, ou sans émargement », comme elle l’a fait en cours de route, en raison de la carence d’enveloppes, a-t-il indiqué à titre d’exemple. Et de préciser : « Nous ne pouvons pas, vraiment, accepter ce scrutin-là. Nous demandons son annulation et nous ne reconnaîtrons pas les résultats qui vont être issus de ces urnes ».

Le leader de l’opposition a également promis de mobiliser ses partisans dans la rue. « Nous avons le droit de manifester, on le fera », a-t-il assuré. On n’a pas de recours, la justice est inféodée, la justice, la Céni, les institutions ne sont pas des institutions indépendantes, malheureusement ».

Les observateurs de l’UE plus nuancés

Les six autres candidats se sont joints à cet appel, sans toutefois se prononcer sur le mot d’ordre de manifestation, à l’exception de la seule femme, Marie Madeleine Dioubaté, qui a demandé à ses militants de « garder le calme, de ne pas descendre dans les rues ».

 

« Nul ne souhaite que ce pays brûle, nul ne souhaite que les citoyens s’affrontent, cailloux contre cailloux, bâtons contre bâtons, mais toutes les conditions ont été créées, en amont comme en aval, pour qu’on en arrive à ça », a dénoncé l’ancien premier ministre Lansana Kouyaté. « Vous ne pouvez pas organiser les conditions d’un désordre dans votre pays juste pour gagner les élections », a renchéri un autre ancien premier ministre, Sidya Touré, arrivé en troisième position en 2010, qui a fustigé un « processus totalement vicié ».

Le chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE), Frank Engel, a en revanche dressé dimanche un tableau favorable, considérant que le « vote se passe bien » malgré des retards en série. « Ce que nous avons vu, observé, et ce qui nous a été signalé, pour moi n’entache pas la régularité du vote », a-t-il estimé, égratignant toutefois au passage le degré de préparation de la Céni. La Mission d’observation de l’UE doit présenter ses premières conclusions sur le scrutin mardi 13 octobre lors d’une conférence de presse.

 

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