map_1st_roundL'Etat guinéen s’est montré décidément en-deçà de la réalité de tout ce que l'on pouvait encore imaginer en termes de mœurs sociopolitiques corrompues et décadentes dans l'Afrique d'aujourd'hui. Mais il serait surtout naïf de croire que toutes ces pagailles qui ont émaillé l'organisation du scrutin d'hier relèvent de la seule impréparation de la CENI.

 

Comme l'Opposition Crédible l'avait pressenti et redouté, cette institution dirigée à coup de trafics d’influence sur fond de corruption par le RPGiste pur et dur, Bakary Fofana, n'a fait qu'accréditer toutes les défiances et critiques qu'elle suscitait quant à son assujettissement au pouvoir en place.

 

Sa forfaiture qui s’est matérialisée hier sur de nombreux lieux de vote, par les ratées et omissions volontaires qui ont été relevées à juste titre, dépasse en effet le simple cadre des manœuvres habituelles visant à faire battre, par tous les moyens, tel ou tel candidat menaçant pour le pouvoir qu'elle sert, il s'est plutôt agi d'une réelle atteinte aux droits inaliénables des Guinéens à choisir librement celui à qui confier leur destin national.

 

Pire, cela relève même à mon sens, d’un délit politique majeur que les sept candidats concernés avec leurs partis respectifs et voire tous les citoyens guinéens épris de justice, de paix durable et de démocratie ne devraient pas accepter: les résultats d'un tel scrutin étant de ce fait à récuser en bloc avant même leur publication.

 

Mais pour cela, il conviendrait avant tout que les candidats Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et leurs autres homologues lésés se montrent davantage à la hauteur des attentes de leurs militants. Car les risques de plonger le pays dans une crise sociale majeure ne seront plus jamais éloignés avec la poursuite d'un régime ethnocentrique comme celui que subissent les Guinéens depuis 2010.                

 

Et comme il n’est pas permis de trop rêver d'un nouveau président Alpha Condé se muant durablement en un anti-Alpha Condé (l'homme politique ne changeant pas à 77 ou 80 ans, si ce n'est à dessein et de manière circonstancielle, au meilleur des cas..), force leur serait donc de prendre la seule bonne décision qui les ferait entrer par la grande porte dans l'Histoire de ce pays.

Nos leaders du collectif des sept candidats s’honoreraient ainsi de s’accorder fermement et loyalement à bloquer tout ce simulacre de processus électoral jusqu'à ce que les conditions d'un scrutin libre, transparent, crédible et acceptable par tous soient réunies.

 

Il en va de l’avenir démocratique et apaisé du pays, non pas celui que la communauté internationale et certains pôles d’intérêts étrangers s’empressent de nous prescrire tacitement à travers une pérennisation du pouvoir RPGiste, mais de celui qui ouvrirait véritablement aux Guinéens les voies du changement vers le progrès sociopolitique et économique qui soit réparti le plus équitablement possible.

 

Ibrahima M’Bemba SOW

Chef de projet

Picardie (France)