mamadou_dialloNous sommes au Fouta Djallon en cette fin d’avril 1752. Les troupes de l’Almamy Ibrahima Sory Le Grand guerroyaient aux confins de l’Empire théocratique pour imposer l’Islam. Les forces ennemies capturèrent entre autres un soldat Foutanien du nom de Mamadou Diallo ou Yarrow. Les Etats Unis en cette première moitié du 18 siècle, faisaient encore partie de l’Amérique du nord britannique. La première source de travail forcé était les prisonniers de guerre venant essentiellement des expéditions barbares d’Oliver Cromwell contre l’Ecosse et les guerres qui suivirent. Ils étaient vendus en Amérique du nord britannique comme captifs pour 7 ans.

Une autre source de main d’œuvre forcée était les bagnards des prisons britanniques qu’on déversait en masse dans ces colonies sous les mêmes conditions. Finalement en dernier lieu, viennent les esclaves africains. Le sort de ces derniers paradoxalement étaient moins cruel que les prisonniers de guerre Ecossais tant haïes par les sujets de la couronne.

C’est dans ce contexte que débarquait Mahmout Yarrow ou Mouhammadou Yero ou Diallo. [Yarrow ou Jarrow sont surement une corruption du nom Diallo ou Yero]. Aux fins du présent texte nous utiliserons le nom Diallo. Diallo après sa capture a vraisemblablement selon l’historien et chercheur, James H. Johnston, auteur de sa biographie, été vendu aux négriers à l’âge de seize ans. Généralement les Peuls étaient presque tous lettrés en caractères arabo-perses. Les Américains blancs étaient intrigués par ces Africains éduqués et les prenaient pour des Maures dans leur ignorance. En Afrique, les musulmans étaient plutôt vendeurs d’esclaves reconnait le chercheur. Le statut de lettré donnait un avantage certain à ses esclaves, car les planteurs américains étaient généralement illettrés. Ils les utilisaient comptables souvent.

Diallo avait traversé l’Atlantique sur le bateau esclavagiste Elijah et avait débarqué à Annapolis, Maryland le 04 juin 1752. Le bateau était si puant que les citoyens de la ville lui refusèrent le débarquement de sa triste cargaison. Les esclaves furent vendus au large de la cote. Diallo fut acheté par un riche planteur et entrepreneur, un certain Samuel Beall. Samuel était le fils d’un captif écossais, Ninian Beall. Ninian a sa libération de la captivité, plutôt entreprenant était devenu propriétaire de très vastes domaines. Il est le fondateur de Georgetown, le quartier qui est aujourd’hui le plus huppé de Washington DC. Son fils, maitre de Diallo était une relation d’affaires de George Washington qui le visitait fréquemment. Les terres ou se trouvent aujourd’hui la Maison Blanche et autre buildings fédéraux appartenaient à Samuel Beall.

Un des neveux de Diallo participât à la Guerre d’indépendance des Etats Unis. A sa libération par son maitre, Mouhamadou Diallo s’installa à Georgetown ou il fonda une fabrique de briques. A partir de ses économies, il devint un financier. Le fameux peintre Américain Charles William Peale, fasciné par Diallo fera son portrait en 1819 dans la maison de ce dernier a Georgetown. Un autre peintre, James Alexander Simpson réalisa un autre portrait en 1823, année au cours de laquelle Diallo rendit l’âme. Il fut enterré dans son jardin sous sa natte de prière comme il l’avait exigé. Un de ses descendants Robert Turner Ford graduera de l’Université Harvard en 1927. Quatre de ses descendants vivent aujourd’hui à Baltimore, au Maryland.

Bah Mamadou Sanoussi

Windsor ON

Canada

Charles William Peale un peintre American fit le portrait de Diallo. Il fut aussi le fondateur du musée de Philadelphie en Pennsylvanie.