alpha_conde_2Mborré ! Maintenant c’est l’imam Saliou Camara de la grande mosquée de Cona-crimes et son compère l’archevêque Vincent Coulibaly qui pimentent les palabres dans le bled. Et nos oreilles bourdonnent encore de cette sortie insolite de Saliou Camara tenant sa brosse à reluire face à Goby Condé, le primatologue du palais Gokhi Fokhè de Cona-cris.

« Aujourd’hui, Dieu a confié la destinée de notre pays à Alpha Condé. Il n’est pas du RPG. Il est tout court un Guinéen et il est le père de tous les Guinéens. Il est le père d’El hadj Cellou Dalein Diallo, le père de Lansana Kouyaté. Celui qui insulte Alpha Condé, a insulté son père, son frère ou encore son président. » Foin ! Saliou est libre de cirer les chaussures à gueule de crocodile de Goby mais on ne laissera pas passer s’il se met à raconter des balivernes.

Goby Condé est le géniteur de Mohamed Condé, Le Crésus Princier du palais Gokhi Fokhè. Jusqu’à preuve du contraire par ADN, Gobykhamé est le père de celui-ci. On ne lui connaît aucun autre fils. Seulement d’une certaine façon l’on pourrait extrapoler en disant que Gobykhamé est le père des tartuffes dans le bled. Saliou Camara et Vincent Coulibaly ont vendu leur âme au diable en sacralisant ce régime satanique qui leur assure une vie dorée.

« Si la lutte anarchique pour la conquête du pourvoir continue, le développement ne verrait pas le jour; donc, on doit arrêter cette lutte politique pour sauvegarder les acquis du pays. Nous ne souhaitons pas qu’il y ait des manifestations de rue. On ne veut pas l’esprit de division. Celui qui cherche le pouvoir pour diviser les Guinéens, que Dieu ne le donne pas. C’est Dieu qui sait comment il fera pour ne pas qu’il prenne le pouvoir. C’est lui seul qui sait s’il va le tuer ou pas. S’il va lui refuser le pouvoir ou pas. La religion dit que chaque chose à son temps. L’opposition doit être respectée, ce sont des Guinéens qui cherchent le pouvoir. Cependant, s’ils doivent être respectés, celui qui a eu le pouvoir, doit être aussi respecté. Mais malheureusement, on constate que le président de la République est souvent manqué dans les médias », dixit Saliou Camara. En voilà des racontars de vieux bigots.

Didon ! Qu’est-ce qui excite comme ça nos tartuffes à pimenter avec des « baimbaim » de Mamou nos tambouilles ? Reprends tes esprits, Mékhé Dounké ! Mais c’est quoi ça avec ces tartuffes impudiques qui ont toujours soutenu les dictatures dans le pays ? Reprends tes esprits, yoooooo !... Reprends tes esprits et calme-toi ! Ok, on se calme ! Mais tension… Calmer ne veut pas dire museler.

Doncou ! On va essayer de démonter ce montage farfelu des tartuffes qui sapent les esprits dans le bled pour le compte du régime autocratique de Goby Condé. Et c’est justement ce sujet de philosophie unique session 2016 proposé aux élèves option science sociale en Guinée qui va nous permettre d’en débattre.

« Ce qu’il y a de commun entre l’art et la morale, c’est que dans les deux cas, nous avons création et invention. A l’aide d’exemples précis, vous expliquerez, commenterez et justifierez cette pensée de l’existentialiste Jean Paul Sartre. » C’est le sujet en question que M. Mamy Mamady Traoré, professeur de philosophie à N’zérékoré, a demandé l’annulation pure et simple. Il demande à ce qu’on reprenne le sujet de philosophie au baccalauréat en reprogrammant les élèves. Il argue que « ce n’est pas parce que Jean Paul Sartre a dit que "ce qui est commun entre l’art et la morale, c’est l’invention et la création" que nous devons prendre et donner à nos enfants. Moi je trouve une opposition dans ce sujet. Je trouve une divergence totale entre l’art et la morale parce que l’art est création alors que la morale est statique. Deuxièmement, l’artiste crée et créer c’est sortir quelque chose à partir de rien. Mais le moraliste qui s’occupe des mœurs, des anciennes pratiques, ses règles qui deviennent des règles morales, sont résultats de consensus. Ce n’est pas une personne qui rentre dans sa chambre et sort avec une règle pour dire que c’est la morale. Si on parlait de l’art et la science par exemple, c’est logique. Mais dans le cas précis, c’est contradictoire et je m’oppose. »

Apparemment il n’a aucune dent contre Jean Paul Sartre : « Je ne m’oppose pas à la pensée de Sartre, mais je m’oppose au fait que ce sujet ait été choisi comme sujet de philosophie au baccalauréat. Parce que ce que Sartre a dit n’est possible que dans les réalités qu’il traverse. Au niveau de l’art gréco-latin ou européen, c’est l’art pour l’art alors que l’art africain est un véritable instrument d’insertion de l’homme dans la société. Donc, ce que nous considérons comme art en Afrique est différent en l’Europe. »

La réaction de Mamady Traoré est plus que louable. Il a eu le courage de prendre sa plume et de dire ce qu’il pense. On peut ne pas être d’accord avec lui. Mais sa réaction prouve à suffisance que les esprits bougent dans le bled. Les lignes bougent. Les mentalités s’épanchent. Dans les années à venir, il sera quasiment impossible pour un gandin de se faire passer devant les Guinéens pour un messie ou un homme providentiel ou un Dieu sur terre.

Débattons maintenant. Personnellement, j’estime que ce sujet de philosophie est excellent et qu’il recoupe exactement les réalités de la Guinée à tout point de vue. Jean Paul Sartre nous dit que « Ce qu’il y a de commun entre l’art et la morale, c’est que dans les deux cas, nous avons création et invention. » Et je ne vois pas du tout de contradiction dans ce propos. L’art et la morale sont tous les deux sources de création et d’évolution. L’art n’est pas immuable. La morale non plus. Le peintre, l’ébéniste, le dessinateur, l’écrivain, le musicien, le chorégraphe, eux tous créent, inventent, innovent. Et de par leur création et invention et innovation, ils participent largement à l’éducation, à l’instruction de l’individu. Et le président-poète, Léopold Sédar Senghor, l’avait très tôt compris en ce sens qu’il avait mis l’accent sur ce créneau. Le soubassement du niveau de développement du Sénégal aujourd’hui s’explique par le fait que Léopold Sédar Senghor avait misé d’abord sur l’éducation, l’instruction de la personne. Il avait incité les Sénégalais à aimer l’instruction, l’art, le livre en les récompensant chaque fois par des prix. Et ça pousse à l’amour de la chose, à la création, à l’innovation. Ça crée l’émulation. Pendant que Senghor entretenait l’homme comme une plante en l’arrosant, Sékou Touré découronnait les intelligences en Guinée, pendait les élites au pont Fidel Castro, faisait peser une chape de plomb sur le pays avec la pensée unique de sa révolution. Et durant le règne de Sékou Touré, l’art et la morale sont restés statiques. Pourquoi ? Parce que la révolution matait l’individu, la personne, l’être humain, le vicaire représentant de Dieu sur terre. Et c’est pourquoi Jean Paul Sartre Abhorrait le socialisme et il le dit explicitement dans « La cérémonie des adieux » de Simone de Beauvoir, sa compagne de vie. « Il y a eu quelque chose qui me répugnait dans le socialisme parce que la personne était dissoute au profit des collectivités. Ils employaient quelquefois le mot de liberté, mais c’était une liberté de groupe, sans aucun rapport avec la métaphysique. » Toute la philosophie de Sartre est concentrée sur la recherche de la liberté, le devenir de la personne humaine. La morale qu’il prône n’est pas une morale qui exclue l’individu de la société. « J’ai tué Dieu parce qu’il me séparait des hommes et voici que sa mort m’isole encore plus sûrement. Je ne souffrirai pas que ce grand cadavre empoisonne mes amitiés humaines : je lâcherai le paquet, s’il le faut. » C’est extraordinaire ! Sartre qui se dit prêt à abandonner même son athéisme pour garder ses relations humaines, pour rester en société, pour ne pas s’isoler parce que les autres refusent de l’admettre en leur sein à cause de son incroyance. Jean Paul Sartre a crée l’existentialisme qui met en pôle position la personne dans le monde sans Dieu. Mais il y a lieu de noter que cette création de Jean Paul Sartre a connu une évolution dans l’esprit même de son créateur. En effet Sartre a essayé de vivre son athéisme jusqu’à la fin de sa vie mais son athéisme à nier l’existence de Dieu a évolué dans son esprit dans les dernières années de sa vie :

« Moi, je me sens non pas comme une poussière apparue dans le monde, mais comme un être attendu, provoqué, préfiguré. Bref, comme un être qui ne semble pouvoir venir que d’un créateur, et cette idée d’une main créatrice qui m’aurait crée me renvoie à Dieu. Elle contredit beaucoup d’autres de mes idées ; mais elle est là, vague. » C’est dire que Sartre a bel et bien admis l’existence de Dieu dans les derniers instants de sa vie. Il considérait qu’il y a un art d’écrire, un effort d’écriture à faire, un littéraire même s’il admettait qu’on pouvait être un ramasseur de crottins et être écrivain.

C’est pourquoi l’on ne peut pas être d’accord à sang pour sang avec Mamady. Certes l’art africain est source d’insertion de l’individu dans la société. Mais l’art occidental à bien des égards n’exclut pas l’homme de la société comme on vient de le voir. L’on est plutôt d’accord avec Senghor pour parler d’un « rendez-vous du donner et du recevoir » entre la civilisation occidentale et la civilisation africaine. Tout n’est pas positif et à avaler dans la civilisation des blancs. Comme il y a des trucs à élaguer dans notre civilisation. La critique est appréciable dans la civilisation des blancs. La critique a façonné les esprits en occident. Elle a permis d’asseoir une morale qu’elle soit religieuse, familiale, judiciaire, politique, comportementale. Au 17 ème siècle, Molière moquait les faux dévots, les tartuffes de sa société. Pendant que Pierre Corneille vantait le courage dans « Le Cid ». De nos jours, en occident les faux dévots, les prêtres pédophiles, sont dénoncés et vilipendés. En Afrique quand un imam ou un muezzin viole une fillette, au nom de la morale « africaine », on étouffe l’affaire. On couvre les imams qui ont des déviations sexuelles. Cela doit cesser.

Vincent Coulibaly a certainement survolé « Le Diable et le Bon Dieu » de Jean Paul Sartre. Pour dire que l’archevêque Vincent Coulibaly et l’imam Saliou Camara n’aident pas les Guinéens à se libérer de la dictature de Goby Condé. Ils propagent le fatalisme en demandant aux Guinéens de la boucler face aux dérives totalitaires du régime. Ils ne critiquent pas Goby Condé qui a érigé un régime ethnocentrique, clanique, affairiste, médiocre, décadent qui affame les populaces, détricote les relations parentales dans le patelin, impose un enseignement décalé aux élèves et étudiants.  

Vous voyez bien, camarades élèves de N’zérékoré, de Guéckédou, de Macenta, de Lola, de Kankan, de Siguiri, de Kouroussa, de Kérouané, de Labé, de Pita, de Dalaba, de Koundara, de Kindia, de Cona-cris ! Nous voyons bien ! Que le régime de Goby Condé vous impose un enseignement au rabais, la médiocrité dans l’enseignement. Ce n’est pas cette citation de Jean Paul Sartre qu’il faut retoquer mais plutôt descendre dans la rue et réclamer des professeurs compétents et qualifiés, des livres inscrits au programme scolaire à vous fournir gratuitement, de l’électricité, et des bourses d’études pour s’acheter de temps en temps des quignons. Demandez cela ce n’est pas faire montre d’un esprit de division. Demandez une amélioration de ses conditions d’études, réclamez des études de qualités pour comprendre demain Jean Paul Sartre, ce n’est pas être contre la carcasse de Goby. D’abord parce que c’est un devoir de tout Etat qui se respecte de dispenser l’excellence, la qualité à ses élèves et étudiants qui sont les socles du développement futur dans le pays. Ne faussons pas le débat en masquant l’incomplétude de nos connaissances en ramenant toujours les vieilles querelles entre l’occident et nous surtout dans ce débat d’idées philosophiques.

Camarades élèves de Guinée ! Le régime de Gobykhamé est en train de compromettre votre avenir, votre devenir. Levez-vous pendant qu’il est encore temps ! Manifestez. Grevez. C’est votre droit d’aspirer à un enseignement de qualité. C’est votre droit de rêver de réussir dans les études et de devenir autre chose que des muletiers. « Naturellement, on arrive pas à tout, mais il faut vouloir tout », vous dit Jean Paul Sartre qui vous booste, vous encourage, vous permet de rêver, de croire que c’est possible de s’en sortir par les études en Guinée. It’s possible ! On n’a pas de problème avec Dieu en Guinée. On n’a pas de problème avec Jean Paul Sartre en Guinée. On a des problèmes avec l’imam Saliou Camara en Guinée. On a des problèmes avec l’archevêque Vincent Coulibaly en Guinée. On a surtout des problèmes avec Goby Condé en Guinée. Ce triumvirat ne veut pas que les Guinéens regardent ailleurs. Il veut les imposer une morale passéiste, archaïque, statique, fataliste. Il a bonne mine. Il mange bien. Il ne consomme pas d’huile de palme mélangée à de la soude et risquer des arrêts cardiaques. Son alimentation est soignée. Que les populaces crèvent de toutes les merdes ! Il le met sur le compte du fatum avec l’argument implacable que « La religion dit que chaque chose à son temps ». Et ça avait facilité la tâche à Sékou Touré de bousiller la plupart des intellectuels de son temps. Et l’imam Saliou Camara et l’archevêque Vincent Coulibaly sont en train aujourd’hui de tout faire pour déifier Goby Condé et manipuler les esprits dans les mosquées et dans les églises. C’est une morale satanique que nous désapprouvons. Merde à cette morale qui ne veut pas qu’on combatte le régime dictatorial, ethnocentrique, clanique de Goby Condé. Merde et merde !

Hé ! ça m’en fout si ce bavardage va vous coûter la peau des fesses dans les cybers-cafés. Débrouillez-vous là-bas !

 

                                                                                                            Benn Pepito