acMonsieur le Président,

En ma qualité de citoyen guinéen, je me permets de vous interpeller sur une situation qui devient de plus en plus explosive. Peu ou prou de nos concitoyens ont le sentiment qu’il y a un manque d’autorité de l’Etat. Pourtant, vous aviez diagnostiqué le problème dès 2010 en déclarant «avoir hérité d’un pays et non d’un Etat». En 2017, la situation ne semble pas avoir évolué d’un iota : la vindicte populaire a tendance à se généraliser. Ci-dessous quelques exemples (par ordre chronologique) qui, malheureusement viennent étayer mes propos :

  1. 1.Décembre 2013 à: 1 présumé voleur brulé vif.
  2. 2.Septembre 2014 à Kassoyah: 1 présumé voleur brulé vif.
  3. 3.Avril 2015 à: 1 présumé voleur brulé vif.
  4. 4.Avril 2015 à Dubré: Des présumés voleurs brulés vifs.
  5. 5.Juillet 2015
  6. 6.Octobre 2015 à Maférinya (Foré: 1 présumé voleur de moto brûlé vif.
  7. 7.Novembre 2015 à: des présumés voleurs extraits de prison et brûlés vifs.
  8. 8.Février 2016
  9. 9.Mars 2016

10. Mai 2016 à N’Zérékoré : 1 présumé voleur brulé vif.

11. Janvier 2017 à Kissidougou : 2 présumés trafiquants d’enfant tués à coups de machette et de bâton.

Le taux d’analphabétisme étant encore très élevé, un accent particulier devrait être mis sur l’éducation civique et morale en vue d’inculquer aux guinéens les valeurs de la citoyenneté : connaissance de la République, appropriation de ses valeurs, respect des règles, de l'autre, de ses droits et de ses biens, l’égalité entre les femmes et les hommes, exercice de la citoyenneté et sensibilisation à la responsabilité individuelle et collective, favorisant ainsi le développement d'une aptitude à vivre ensemble dans une République indivisible. L'éducation morale n'est pas du seul fait ni de la seule responsabilité de l'école ; elle commence dans la famille, dans la société.

La justice est du domaine régalien de l’Etat, et vous en êtes le garant. Lors de votre prestation de serment, vous vous êtes engagé à «respecter et à faire respecter la loi». L’article 5 de notre constitution stipule que : «La personne humaine et sa dignité sont sacrées. L’Etat a le devoir de les respecter et de les protéger….». Si chaque citoyen se rend justice lui-même, ce serait l’anarchie et le chaos : cette «justice» serait inacceptable et on assisterait à une escalade de la violence.

Pour terminer, je voudrais rappeler deux citations qui nous invitent à la réflexion : «Quand l’ordre est injustice, le désordre est déjà un commencement de justice» : (Romain Rolland, écrivain français, prix Nobel de littérature de 1915) ; «La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique» : (Blaise Pascal, philosophe français, traité sur les religions).

Au nom de tous les guinéens épris de paix, de quiétude sociale, de liberté, de respect de la dignité humaine, je vous exhorte à «respecter et à faire respecter la loi» conformément aux engagements que vous avez pris lors de votre prestation de serment devant le peuple de Guinée.

Dans l’espoir que ma lettre retiendra votre attention et qu’une suite favorable lui sera accordée, je vous prie de croire Monsieur le Président à mes sentiments patriotiques.

Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens. Amina !

 

Diarra DOUMBOUYA|Chef de Projet Informatique| Paris (France)