passeport_guineeCe Guinéen de 34 ans installé en Guyane, où il étudie et travaille, est coincé en région parisienne depuis le mois de juillet. Ses papiers lui ont été confisqués par la police aux frontières et il attend toujours un laissez-passer pour pouvoir revenir à Cayenne où il a construit toute sa vie.

Il arrive que l'administration française marche sur la tête. Mamadou Diallo en a malheureusement fait les frais. Installé en Guyane depuis 2009, ce Guinéen de 34 ans a reçu en avril un titre de séjour provisoire, valable trois ans. C'est donc très sereinement qu'il s'est envolé de l'aéroport Félix-Éboué, en juillet, pour aller passer des vacances auprès de sa mère, en Guinée. Il est arrivé à Paris sans encombre mais c'est au moment d'embarquer sur le vol pour Conakry, trois jours plus tard, que tout a basculé.

Interpellé par la Police aux frontières, l'étudiant a été accusé de voyager avec un faux passeport guinéen. Il n'a pas été présenté devant un tribunal mais a fait l'objet d'un simple rappel à la loi. Son passeport et son titre de séjour lui ont en revanche été confisqués, l'empêchant de circuler librement. Et donc, de rejoindre la Guyane où l'attendent ses amis, ses études, ses employeurs, son logement. Sa vie.

L'ambassade de Guinée et son haut commissaire ont confirmé l'authenticité du passeport de Mamadou Diallo. Un passeport valable jusqu'en mars 2018. Mais depuis, l'administration française fait la sourde oreille. Sans ressources, le jeune homme est « obligé de faire appel à la solidarité nationale pour se nourrir et doit composer le 115 tous les soirs pour bénéficier d'un hébergement d'urgence, mais sans succès. Il est psychologiquement à bout. Son statut social s'est fortement dégradé et il le vit très mal » , souligne son avocate, Me Aurélie Pialou.

SON CAS DÉBATTU AU TRIBUNAL

À 34 ans, le Guinéen est pourtant l'exemple parfait d'une intégration plus que réussie. Détenteur de deux masters II et d'un master I, il est actuellement inscrit en troisième année de doctorat sciences de gestion, il prépare une thèse sur le thème des « technologies de l'information et de la communication comme outil de productivité et de compétitivité des très petites entreprises en Guyane » . En parallèle, il donne des cours de droit, économie, gestion et science politique à l'Université de Guyane ainsi que des cours de mathématiques au collège Gérard-Holder, à Cayenne. Il a également été élu représentant des doctorants au conseil de l'école doctorale « diversités, santé et développement en Amazonie » et est, depuis 2013, bénévole à l'Adie.

Le cas de Mamadou Diallo a été débattu en audience au tribunal administratif de Cayenne, mercredi dernier. Il n'a pas fallu plus de quelques heures au président du tribunal, Daniel Josserand-Jaillet, pour se prononcer : la préfecture de Guyane doit « sans délai » délivrer l'équivalent d'un laissez-passer au Guinéen afin qu'il puisse revenir en Guyane. La préfecture devra alors lui rendre son titre de séjour ou justifier de sa décision de ne pas le faire.

Source http://www.franceguyane.fr