gendarmes casseursUn Guinéen a réussi à filmer en cachette des policiers en train de saccager des véhicules en marge de manifestations de contestation des résultats des élections locales, le 12 février à Conakry. L’auteur de la vidéo détaille comment il s’y est pris pour prendre les forces de l’ordre en flagrant délit

La vidéo dure environ une minute. Elle pourrait être sortie tout droit d’un film, enregistrée à travers un viseur, à la manière d’un James Bond. Les cibles : des policiers guinéens peu scrupuleux, filmés lors des manifestations du 12 février dernier à Conakry en train de casser de plusieurs véhicules stationnés. La vidéo filmée par notre Observateur les montre s’en prendre à un véhicule.

"L'objectif des policiers, c'est de faire porter le chapeau aux manifestants"

Ce jour-là, des manifestations liées aux résultats des élections locales du 4 février avaient été organisées dans la capitale guinéenne, faisant au moins deux morts. En parallèle, les enseignants relançaient une grève.

Billo Gandal Barry, un habitant de Bambeto, quartier réputé favorable à l’opposition guinéenne, participe à une de ces manifestations qui dégénère. Lorsque les policiers lancent des gaz lacrymogène aux habitants, il se réfugie dans une maison avec d’autres manifestants.

« Derrière la porte, j’ai regardé par le trou de la serrure pour m’assurer que les policiers ne viendraient pas vers nous. C’est là que j’ai vu que les policiers tapaient sans aucune raison sur les vitres des voitures pour les casser !

J’ai alors commencé à filmer à travers la serrure en espérant pouvoir en tirer quelque chose. J'ai pris ce risque pour contribuer à lutter contre l'injustice et l'impunité qui règnent dans ce pays.

"J'ai prévenu les propriétaires du véhicule, mais ils sont réticents à porter plainte "

Pour moi, l’objectif des policiers est clair : faire porter le chapeau aux manifestants et faire croire à l'opinion publique que les habitants de cette zone sont violents et cassent les voitures… alors que ce sont eux qui les cassent sans raison ! [Des débordements ont régulièrement lieu dans ce quartier lors des manifestations ces dernières années, un gendarme a notamment été tué après avoir reçu un projectile dans la tête le 19 février, NDLR]

J’ai prévenu les propriétaires des voitures que c’était des policiers qui avaient cassé leur véhicule, preuve à l’appui. Mais même malgré ça, ils sont réticents à porter plainte, car ils sont sûrs que ça ne servira à rien. »

La rédaction des Observateurs de France 24 a contacté le général Ibrahim Baldé, commandant de la gendarmerie nationale. Ce dernier a indiqué ne pas "réaliser d’entretien par téléphone". Nous l’avons cependant invité à répondre par mail ou par tout autre moyen pour obtenir sa réaction au comportement de ces gendarmes.

Les violences post-électorales guinéennes ont pour l’heure fait au moins sept morts depuis le scrutin local du 4 février, dont les résultats sont toujours attendus.

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