guinee_bissauLes membres de l'équipe gouvernementale du Premier ministre Carlos Correia limogé le 12 mai dernier refusent toujours de reconnaitre leur destitution. Ils occupent toujours le palais gouvernemental, dans la capitale, pour contester la nomination par le président du nouveau Premier ministre Baciro Dja, qui a prêté serment vendredi mais qui n'a toujours formé son cabinet.

Les membres du gouvernement déchu de Carlos Correia se montrent encore combattifs et déterminés à occuper les lieux jusqu’à ce qu’il y ait une solution pacifique.

Idrissa Diallo, leader de l’Unité nationale, une formation proche de la majorité au pouvoir, est porte-parole du collectif gouvernemental : « d’une manière pacifique, nous continuons à occuper les lieux et nous obligerons le président à respecter la légalité constitutionnelle. »

Dans l’immense cour du palais du gouvernement, une vingtaine de policiers anti-émeute est déployée. Face à eux, dans les couleurs des édifices, se trouvent les gardes du corps des différents ministres.

A l’intérieur, l’ambiance est bonne enfant dans la grande salle de réunion, où tous les ministres sont regroupés. Le ministre de la Communication, Agnelo Regala, se veut rassurant : « nous sommes bien ici et comme vous voyez, tout le monde se porte bien ». Et pour combien de temps ? Idrissa Diallo assure que « cette lutte », ils vont « la continuer jusqu’à la solution finale de ce contentieux ».

Quels scénarios possibles ?

Selon une source proche du nouveau Premier ministre Baciro Dja, le nouveau gouvernement pourrait être connu ce lundi et investi dans la foulée. La police a reçu l’ordre de faire vider les lieux. Dans un tel cas, la marge de manœuvre des médiateurs de l’UEMOA risque d’être très étroite.

Leur tâche s'annonce même rude estime Vincent Foucher, spécialiste de la Guinée-Bissau et analyste à l’International Crisis Group. Selon lui, l’un des scénarios envisageables est « que le président arrive à imposer ce nouveau Premier ministre et que le PAIGC n’arrive pas à résister ». « On aurait donc un nouveau régime avec le Premier ministre nommé par le président, Baciro Dja », analyse-t-il.

Mais le chercheur craint aussi un autre scénario : celui de l’affrontement. « L’armée a répété plusieurs fois ces derniers temps que elle s’impliquerait pas dans le processus politique, mais en même temps, ce qu’on voit c’est que la police militaire protège la présidence, le chef d’état-major de l’armée a été désigné par le président, d’un côté. Et de l’autre, la police et la garde nationale protègent le gouvernement sortant. Donc il ne faut pas exclure à un moment que la tension entre le président et le gouvernement sortant puisse se régler avec des violences. »

RFI