alpha_conde_1Le groupe minier a mené une enquête sur un paiement à un consultant français dans le cadre d’un projet en Guinée.

La presse australienne l'appelle déjà le « GuineaGate ». Le groupe minier Rio Tinto vient de mettre à la porte deux de ses hauts dirigeants après une enquête interne. En cause, des e-mails échangés en 2011 concernant le versement de 10,5 millions de dollars à un consultant dans le cadre du plus gros projet minier de fer de la planète, Simandou, en Guinée. « La décision du conseil ne préjuge pas des résultats d'éventuelles enquêtes externes sur le sujet, assure la direction dans un communiqué. Toutefois, le conseil a conclu que les cadres ne sont pas parvenus à respecter les normes en vigueur dans notre code de conduite,"The way we work". »

Alan Davies, le responsable de la branche énergie et minerais, avait été suspendu par Rio Tinto la semaine dernière. Le groupe avait en parallèle annoncé la démission de la responsable des affaires juridiques, Debra Valentine, indiquant qu'il avait averti les régulateurs britanniques, américains et australiens de ses investigations sur « les accords contractuels passés en 2011 avec un consultant qui conseillait [Rio] sur le projet Simandou en Guinée ». Ce consultant est un Français, François Polge de Combret, ancien associé-gérant de Lazard, devenu conseiller du président guinéen Alpha Condé (avec lequel il a étudié à Paris). De son côté, le gouvernement guinéen a indiqué dans un communiqué qu'il n'avait « pas connaissance, à l'époque des faits, en 2011, que Monsieur Polge de Combret agissait d'une manière quelconque pour le compte [...] de Rio Tinto ».

C'est en août que la direction de Rio Tinto a lancé une enquête formelle sur ces e-mails entre Alan Davies, à l'époque responsable du projet Simandou, Tom Albanese, le directeur général d'alors, et Sam Walsh, qui dirigeait la division minerai de fer. En 2011, le prix du fer est au plus haut, à près de 180 dollars la tonne, contre 60 dollars aujourd'hui. Les géants du secteur parviennent tant bien que mal à répondre à l'explosion de la demande mondiale, menée par la Chine. Après déjà de nombreux déboires, Rio, présent en Guinée depuis 1997, veut à tout prix conserver ses permis sur Simandou. Ce qu'il parvient à faire.

Depuis, le monde des matières premières a profondément changé. Le mois dernier, la nouvelle direction a annoncé qu'elle avait conclu un accord avec le chinois Chinalco pour lui vendre son droit d'exploiter l'un des gisements les plus prometteurs au monde.


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