beny steinmetzL’ancien résident de Genève est accusé de corruption en Guinée. Des audiences visent à y voir plus clair depuis lundi.

Dans la gigantesque affaire Steinmetz, les prochaines semaines pourraient être décisives. BSG Resources Ltd (BSGR), la société du Franco-Israélien Beny Steinmetz, est accusée par Conakry d’avoir obtenu une licence pour exploiter un gisement de fer dans les montagnes de Simandou, au sud de la Guinée, grâce à des pots-de-vin.

Des audiences publiques se tiennent à Paris depuis lundi et se poursuivront jusqu’au 2 juin. Elles sont chapeautées par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements, une institution indépendante.

A Genève, les coulisses

L’affaire touche Genève de près. Beny Steinmetz, 61 ans, a longtemps résidé au centre-ville. Son avocat et ami de longue date n’est autre que Marc Bonnant, dont l’étude est à Champel. Le Ministère public genevois a lancé une procédure à son encontre en 2013, ce qui aurait conduit le milliardaire à déménager en Israël.

Des perquisitions ont eu lieu à son domicile genevois, dans son avion privé à Cointrin, dans les locaux de la société Onyx, qui collabore avec BSGR, au Grand-Saconnex et au domicile, à Thoiry, d’une membre de la direction du groupe. Quant à la Guinée, elle est défendue par une étude du canton, a appris la Tribune de Genève.

BSGR aurait versé des millions de dollars à l’une des épouses de l’ex-président de la Guinée pour obtenir l’accès à Simandou. Le groupe rétorque que le permis d’explorer le gisement a été remis par Conakry dans des conditions correctes. Il se dit victime d’une conspiration manigancée par le financier américain Georges Soros et l’ex-ministre britannique Tony Blair, qui ne cachent pas leur soutien à Conakry. En avril, BSGR a porté plainte contre Georges Soros. La firme minière lui demande dix milliards de dollars de compensation pour diffamation.

Enjeux colossaux en Guinée

BSGR, qui a investi 165 millions de dollars pour lancer l’exploration des gisements, a par la suite vendu 51% des parts de sa licence du gisement pour 2,5 milliards de dollars au géant Vale. Ce groupe, basé à Saint-Prex (VD), s’est ensuite retourné contre BSGR, après avoir eu vent des accusations, et perdu ses droits à Simandou. La multinationale pourrait demander 1,2 milliard de dollars à BSGR dans cette affaire, croyait savoir l’agence Bloomberg au début de mai.

En Guinée, les enjeux sont colossaux. Les réserves de Simandou cacheraient le plus grand gisement de fer non exploité au monde; il vaudrait dix fois le PIB du pays. Son exploitation pourrait bouleverser l’économie du pays. Mais pour l’instant, ces montagnes rouges restent immaculées. (TDG)

Source Tribune de Genève