militaires guineeSept ans après avoir été torturées à l’escadron mobile de la gendarmerie d’Hamdallaye, 15 victimes aux cotés desquelles la FIDH et l’OGDH avaient porté plainte dès 2012 vont pouvoir être entendues et leurs tortionnaires jugés. Très attendu, le procès des tortures commises à la gendarmerie d’Hamdallaye s’ouvrira le 13 novembre 2017 au Tribunal de Dixinn. Emblématique, il verra comparaître l’ancien chef d’État major des armées et l’ancien gouverneur de Conakry.

Le 23 octobre 2010, plusieurs personnes étaient arbitrairement arrêtées, détenues et torturées dans la cour de la gendarmerie de l’escadron mobile d’Hamdallaye. Il s’agissait de commerçants et artisans travaillant à proximité de la route où le cortège du Général Sékouba Konaté avait été caillassé.

Plusieurs hauts responsables politiques et militaires ont depuis été mis en cause. Il s’agit de l’ancien gouverneur de Conakry : le commandant Sékou Resco Camara ; l’ancien chef d’état-major des armées : Nouhou Thiam ; et du commandant Aboubacar Sidiki Camara dit « De Gaulle », ancien chef de la sécurité présidentielle, décédé en 2014.

Si l’instruction avait été clôturée il y a plus de trois ans, le dossier a été renvoyé il y a un an devant la Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Dixinn. Fin septembre, le procureur de ce Tribunal avait assuré à nos organisations qu’il ferait de ce dossier une priorité. Ces engagements ont été tenus et nos organisations appellent aujourd’hui à ce que ce procès se tienne dans les meilleures conditions, afin que les faits et responsabilités soient établis et les personnes coupables ou complices d’exactions jugées.

« La culture de l’impunité commencerait-elle à vaciller en Guinée ? Si l’annonce est tardive, l’ouverture le mois prochain du procès des tortionnaires d’Hamdallaye et de leurs commanditaires sera l’occasion de débattre publiquement d’un fléau national et d’en juger certains de ses auteurs », a réagit Drissa Traoré, vice-président de la FIDH.

L’engagement à l’ouverture d’un procès au 13 novembre est en effet d’autant plus remarquable que l’usage de la torture par des agents dépositaires de l’autorité publique a longtemps été généralisé en Guinée, qu’il demeure largement répandu, et que la réponse de l’État pour lutter contre ces pratiques - longtemps complaisante - est encore insuffisante.

Ainsi, Le 19 mai 2016, les organisations membres de la FIDH en Guinée : l’OGDH et MDT, avaient porté plainte contre 12 agents de la brigade anti-criminalité (BAC) pour des faits de torture avérés et documentés commis sur un jeune homme. Depuis, un seul des agents visés par la plainte a été interpellé et l’enquête peine toujours à avancer.

« La lutte contre la torture commence par la lutte contre l’impunité de leurs auteurs. Les autorités judiciaires guinéennes ne doivent accorder aucune impunité dans le jugement des exactions commises à la gendarmerie d’Hamdallaye, ni dans aucun autre dossier de cette nature », déclare ainsi Abdoul Gadiry Diallo, président de l’OGDH.

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