alpha_conde_7Face aux nombreuses réactions de la presse guinéenne sur certains sujets, Damantang Camara, Porte-parole du gouvernement, s'est cru obligé d'y répondre, indirectement il est vrai – il ne s'agit pourtant pas des questions orales des députés au gouvernement.

On voit une nouvelle fois que le RPG, a bien du mal à s'affranchir de son totalitarisme, en n'adoptant pas la neutralité obligatoire, puisque des représentants du gouvernement (voire même le président de l'Assemblée nationale), se sont déplacés au siège du RPG. À quand des comptes -rendus aux sièges de l'UFDG, de l'UFR ou du PEDN ?

Malheureusement, comme à son habitude, lorsqu'il est difficile de justifier l'injustifiable, Damanatang Camara s'est une nouvelle fois pris les pieds dans le tapis, en voulant répondre à des questions sur des sujets litigieux.

 

Concernant les voyages du PRG,

« Je ne reviens pas sur les voyages du président, car c'est quelque chose qui est nécessaire. Et pour la plupart de ces voyages, le président n'utilise pas le budget de l'État. Plutôt, c'est son propre budget ou ses propres relations extérieures qu'il utilise pour voyager », a-t-il indiqué.

Question : si le PRG n'utilise pas le budget de l'État, comment finance t-il ces voyages ? Que signifie son propre budget ?

S'il a voulu dire ses ressources propres, même 10 ans à la présidence de la république (120 mois * 15 millions de GNF = 1,8 milliard de GNF), ne suffiraient pas pour louer un jet privé pour un seul voyage en Europe (il en faut au moins le double). Par ailleurs Alpha Condé n'avait pas de fortune personnelle.

Si Damantang Camara veut parler du budget de la présidence, il oublie de préciser qu'il s'agit donc bien d'un financement de l’État !!!

Enfin s'il s'agit de financement de ses relations extérieures (Rusal par exemple), on imagine bien qu'il y a une contrepartie à cela, contrepartie que les Guinéens aimeraient bien connaître.

Bref dans ce domaine, Damantang ne nous convainc pas et semble considérer que les affaires de la présidence ne regardent personne. Pourtant ce sont les Guinéens qui paient directement ou indirectement.

 

Concernant le budget de fonctionnement de la présidence

« Quand on vous dit que le budget de la présidence est trop et qu'il équivaut à 300 milliards, c'est une bêtise et c'est faux. À la présidence, vous avez le garage du gouvernement, l'inspection de l'État, l'agent judiciaire de l'État, le patrimoine bâti public et les services généraux. Donc, 300 milliards ne suffisent pas. Car, dans chaque service il y a près de 10 milliards comme budget de fonctionnement », a-t-il justifié.

Damantang Camara a bien raison de dire que 300 milliards, c'est faux puisqu'il s'agit de 362 milliards, dont il n'explique nullement comment ils sont répartis. Il nous indique que certains services sont pris en charge par la présidence, mais le mieux aurait été de publier tous ces éléments, le budget étant public. Comme les promesses de ce gouvernement ne valent rien, pour quelles raisons devrions-nous nous satisfaire de réponses évasives et incomplètes ? Les garages du gouvernement pourraient très bien dépendre de la Primature, l'Inspection de l'État du Ministère des finances, l'agent judiciaire de l'État du Ministère de la justice, le patrimoine bâti du Ministère du logement, etc... Le mieux serait d'être transparent, une autre promesse volontairement oubliée.

 

Concernant la pléthore de ministres

Pour Damantang Camara, la Guinée n'est pas le seul pays à avoir un nombre important de ministres. « Je prends l'exemple sur un pays qui est à côté de nous. A sa présidence, il a 35 conseillers techniques et près de 20 ministres conseillers. Parmi ceux-ci, il y a des ministres d'État et une quinzaine de conseillers spéciaux qui ne sont pas du gouvernement. C'est juste le cabinet de la présidence », a-t-il fait savoir.

Là encore, pourquoi vouloir imiter la médiocrité (on trouvera toujours pire que la Guinée) et ne pas vouloir se comparer à des pays plus efficaces ?

« Le plus grand soin d'un bon gouvernement devrait être d'habituer peu à peu les peuples à se passer de lui », disait Alexis de Tocqueville.

Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest ont adopté des mesures constitutionnelles qui accordent à leur parlement le pouvoir d'accepter ou de rejeter le gouvernement qu'a composé le président de la République[1] : celui-ci conserve le droit de nommer à la tête d'un ministère la personne qu'il juge compétente. Cependant, il revient au peuple, à travers ses représentants élus, de confirmer ces choix. C'est le principe que les Américains appellent «advice and consent ». Par ailleurs, la constitution de la Gambie et celle du Ghana fixent le nombre de ministères que le gouvernement peut avoir : 15 pour la Gambie et de 10 à 19 pour le Ghana (même s'il est possible de contourner les textes, et le Ghana ne s'en prive pas).

En outre, Damantang Camara ajoute : « le PRG a la volonté et la latitude de nommer qui il veut comme conseiller, et lui accorder le grade de ministre s'il veut ». Rien n'empêche en effet le PRG de créer autant de ministères qu'il le souhaite, de les détruire après 2 ans et de les recréer un an plus tard. De même, rien n'empêche le PRG de nommer son chauffeur ministre des Transports, ou son garde du corps à la Défense nationale. Doit-on s'en réjouir ?

 

 

 

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).

 

1Le Ghana, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone ont inscrit cette mesure dans leurs constitutions respectives. En Allemagne, le nombre de ministres ne dépasse pas 20, la moyenne étant de 15, alors qu'aux Etats-Unis ce nombre est limité à 15.