manif_nigeriansAu moins une vingtaine de Nigérians, pour la plupart des jeunes, ont fait sit-in devant leur ambassade à Conakry dans la matinée de ce 10 février. Ce qu’a du moins vécu votre quotidien sur place. Les manifestants dénoncent une « série d’arrestation arbitraire » de leurs compatriotes à travers la capitale guinéenne.

L’opération qui aurait commencé le 6 février, serait menée par des policiers, dans les rues et certains endroits fréquentés de la haute-banlieue de Conakry. Les interpellés seraient écroués sans raison dans les locaux de la CMIS (Compagnie mobile d’intervention et de la sécurité) du quartier Camayenne dans la commune de Dixinn, environ 4 kilomètres à l’Est de Kaloum (base de l’Administration guinéenne et grand centre des affaires).

Selon Damien, l’un des manifestants devant la façade principale de l’Ambassade du Nigéria dans le quartier Almamya de la Commune de Kaloum, depuis le  6 février, des Nigérians de Conakry sont arrêtés, brutalisés, par la police guinéenne, sans raison. Officielle, du moins. « Ils sont détenus au CMIS. Nous sommes venus à l’ambassade pour savoir les raisons de leur arrestation. Même en ce moment, ils sont en train d’arrêter d’autres Nigérians en Banlieue », déclare Damien qui a ajouté que les agents viennent jusque dans les boutiques tenues par des Nigérians et « prennent tout ce qui s’y trouve. Nous voulons savoir ce qu’on a fait. Si on n’a plus le droit de résider en Guinée, qu’on nous le dise. On en a marre de cette situation », a-t-il clamé. Selon lui, ses compatriotes vivant en Guinée s’acquittent de leur impôt, mais bien qu’ils détiennent des cartes de séjour, ils font souvent l’objet d’arnaque de la part d’hommes en treillis de la police et de la gendarmerie guinéennes.

Mais, leur colère risque de ne pas s’apaiser de sitôt. Puisque pendant leur manifestation, un employé de l’ambassade leur a dit que l’Ambassadeur du Nigéria en Guinée serait en déplacement, sans trop de précision. Des manifestants croient que Son Excellence a pris la poudre d’escampette à leur arrivée devant les locaux de l’Ambassade qui jouxte le ministère guinéen de la Pêche.

Notre tentative d’avoir d’amples informations sur ces interpellations de ressortissants Nigérians à Conakry auprès du ministère de la Sécurité et de la protection civile, nous n’avons pu avoir d’interlocuteur. Madifing Diané, le ministre guinéen de la Sécurité n’était pas à son bureau lors de notre passage par-là, aux environs de 10h. Son soi-disant numéro a joué aux abonnés absents. Alors que l’adjoint du Directeur général de la Police guinéenne, M. Mara ne décrochait pas son téléphone, celui de Mohamed Garé, le Directeur général ne répondait pas. Il serait en mission.

Soulignons que l’arrestation de Nigérians à Conakry n’est pas une première. Au crépuscule du régime du Général Lansana Conté décédé le 22 décembre 2008, plusieurs de ces ressortissants ont été mis aux arrêts. Soupçonnés qu’ils étaient de trafiquants de drogue et  de proxénètes. Au temps de la junte militaire du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, de nombreuses arrestations de Nigérians ont été relayés par les médias. Pour des raisons obscures.

« Au temps de Dadis, il y a eu des arrestations illégales dans nos lieux de travail et même dans nos résidences. Mais, avec Alpha Condé, on croyait que ça allait changer », dit un manifestant qui indique qu’ils sont nombreux les Nigérians à épouser des Guinéennes qui leur ont donné beaucoup d’enfants. Votre quotidien reviendra sur cette affaire dès qu’il obtiendra d’autres informations !

 

Aliou Diallo