incendie_marche1Les habitants du quartier Kénien, dans la commune de Dixinn se sont réveillés ce 17 février, dans la tristesse et la désolation. Et pour cause ? Ce que dans la nuit du dimanche 16 février, aux environs de 22h heure locale, un incendie d’origine inconnue a réduit en cendre l’aire réservée à la vente du bois, reconnu par bien des habitants de Conakry. Pas de pertes en vies humaines, mais des dégâts matériels qui se chiffreraient en des centaines de millions de francs guinéens.

Ce marché installé entre le chemin de fer de la compagnie Rusal-Friguia et la route qui mène du pont Kénien au quartier Hafia, abrite principalement des vendeurs de bois mort, des madriers, des contreplaqués, des feuilles de tôle, à quelques mètres se trouve un entrepôt frigorifique qui a échappé à l’incendie ravageur. Selon les témoignages, les flammes de l’incendie dévastateur avaient atteint une hauteur de plus de 7 mètres de haut.  Le feu a tout consumé, aidé par le vent et par la paille sèche d’un tas d’immondices qui « gisait » dans les environs.

Dans la matinée de ce 17 février, les nombreuses victimes, dont la plupart habitent loin de l’endroit, n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Selon eux, c’est leur espoir qui vient de partir en fumée. Venu expresse de la préfecture de Coyah, a environ 50 kilomètres du marché Kénien, Mamadou Baïllo Diallo, aux environs de 9h, a témoigné : « J’ignore l’origine de cet incendie. J’avais ma marchandise ici, aujourd’hui, il ne me reste plus rien. J’ai tout perdu » a-t-il affirmé, les yeux rouges non pas à cause de la fumée mais par la tristesse. Ibrahima Barry, la quarantaine, sanglotant déclaré que c’est à 22h et demie qu’il a appris le drame. Selon lui, il ne peut pas évaluer la perte qu’il vient d’enregistrer. Un certain M. Ouattara dit avoir perdu environ 80 millions de francs guinéens. Selon des témoins, en désespoir de cause, arrivé sur les lieux, il a voulu se jeter dans les flammes. Il a fait un appel à l’aide, arguant que ce ne sont que des petits débrouillards qui sont rendus misérables. Il demande que l’Etat leur vienne en aide.

Les administrateurs du marché Kénien ignorent le nombre des victimes. Selon eux, une quarantaine de personnes se sont déjà enregistrées, aux environs de 10h, quand nous nous apprêtions à quitter les lieux.

Amadou Bah, Syndicaliste, l’un des responsables du marché a salué le courage des jeunes des quartiers Kénien, Hafia, Bellevue qui ont pu sauver ce qui pouvait l’être. Il lance les mêmes fleurs au gouverneur de Conakry, Commandant Sékou Resco Camara et les sapeurs pompiers qui sont restés tous sur les lieux, jusqu’aux environs de 2h du matin, selon les voisins du marché.

Les sapeurs pompiers seraient arrivés en retard du fait du blocage de la voie qui mène au marché par des poutres, des madriers et autres bois sauvés par les jeunes. D’où, selon le Lieutenant Ibrahima Sory Kaba, chef des services d’incendie et de secours de la commune de Kaloum, les sapeurs pompiers et leurs citernes étaient tenus à rester à distance pour éteindre le feu ou les braises.

Sous équipés, les sapeurs pompiers des communes de Kaloum, Ratoma et de Matam, ont circonscrit le feu, limitant ainsi les dégâts. « Ce qui avait pris feu avant notre arrivée a brûlé, mais on a empêché l’incendie de se propager dans le voisinage » a raconté l’un d’eux. Le feu avait pris une telle ampleur que les habitants des alentours avaient rangés leurs effets, face au risque de la propagation des flammes.

Au micro d’un confrère, le chef des services d’incendie et de secours de Kaloum a dénoncé leur sous-équipement : « On n’a pas tout ce qu’il faut pour intervenir. A Conakry, dans les conditions normales, on devait avoir au minimum six casernes, une ambulance de transport, une ambulance médicalisée. »

Rappelons de passage que Conakry ne dispose que de trois casernes. S’y ajoute les accès difficiles et le manque d’eau (les camions citernes ne se ravitaillent qu’à partir de deux châteaux : celui de l’aéroport Gbessia dans la commune de Matoto et celui de Kakimbo dans la commune de Ratoma).

Resco Camara, hué

Le Cdt Sékou Resco Camara, gouverneur de la ville de Conakry serait arrivé au marché Kénien en feu aux environs de 23h 30. Venu en sapeur pompier, il a été copieusement hué par la foule de secouristes. Celle-ci a dénoncé le manque de promptitude des sapeurs pompiers qu’on dit sous-équipés.  Il ne pouvait qu’avaler la couleuvre, stoïquement, avant de voir ailleurs : « En France, dès qu’un incident survient, on voit le Procureur, des ministres et puis le Président de la République. La présence des autorités est très importante, cela rassure les populations. » Mon oreille !

 

Aliou Diallo pour www.guinee58.com