manifestant_3Deux personnes ont été tuées et au moins 33 légèrement blessées lors d'émeutes mardi à Conakry, provoquées par des habitants en colère contre l'absence d'électricité dans une partie de la capitale guinéenne et de ses banlieues, a appris l'AFP de sources de sécurité et auprès de témoins.

Le premier mort est un civil tué dans un accident de la circulation, selon la police et la gendarmerie nationale - une version contestée par ses proches - le second un jeune gendarme tué par une pierre lancée par un manifestant.

Les émeutes ont éclaté mardi matin dans plusieurs quartiers de la banlieue sud de Conakry, opposant des milliers de manifestants, en majorité des jeunes, aux forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques pour tenter de disperser les manifestants, mais des témoins ont affirmé avoir entendu des tirs ou vu des policiers tirer à balles réelles. Les émeutiers ont riposté avec des pierres et érigé des barricades, brûlé des pneus et renversé des poubelles sur plusieurs axes routiers.

Contacté par l'AFP, le directeur de la Sûreté urbaine de Conakry, le commissaire Boubacar Kassé, a indiqué que deux personnes avaient été tuées lors de ces émeutes. La première victime est un civil tué dans un accident de la circulation. Il a été renversé par un véhicule alors qu'il tentait de traverser la route. La seconde (victime), un élève gendarme atteint d'un caillou jeté par un manifestant, a-t-il affirmé.

Selon le porte-parole de la gendarmerie nationale, le commandant Mamadou Alpha Barry, le civil tué a été heurté accidentellement par un véhicule de la gendarmerie, tandis que le gendarme a été atteint par un caillou jeté par les manifestants alors qu'il était à bord d'un pick-up de la gendarmerie.

Il est tombé et les manifestants l'ont récupéré et battu à mort. Ces versions officielles sur l'accident de la circulation ont été contestées par un membre de la famille de la victime. Ce sont les forces de l'ordre qui ont pourchassé mon frère avec des matraques et, en essayant de traverser la route, il a été heurté par un véhicule qui l'a entraîné sur plusieurs mètres et il est mort sur le coup, a-t-il déclaré sous couvert de l'anonymat à l'AFP.

Des sources médicales de deux centres de santé ont affirmé avoir donné des soins à au moins 33 personnes légèrement blessées. Les manifestants sont sortis spontanément dans les rues au terme d'un délai d'une semaine promis par le Premier ministre guinéen, Mohamed Saïd Fofana, pour rétablir l'électricité dans les quartiers les plus affectés par les coupures.

Le Premier ministre est venu ici le 10 février dernier suite à une autre manifestation et il nous avait demandé une trêve d'une semaine pour permettre à Electricité de Guinée de rétablir le courant électrique dans nos quartiers, a affirmé Abdoul Aziz Soumah, l'un des manifestants, Nous n'avons rien vu et c'est pour lui rappeler sa promesse que nous sommes dans la rue.

Lundi soir, le gouverneur de Conakry, le commandant Sékou Resco Camara, avait mis en garde les fauteurs de troubles contre toute tentative de déstabilisation du pays. Nous avons appris qu'il y a des gens qui veulent profiter du manque d'électricité pour semer des troubles dans la banlieue de Conakry, avait-il ajouté, demandant aux forces de l'ordre de veiller au grain et d'empêcher par tous les moyens ces manifestations en procédant à l'arrestation et en traduisant devant les tribunaux tous les contrevenants.

Les coupures d'eau et d'électricité sont récurrentes dans les grandes villes de Guinée et provoquent régulièrement de violentes émeutes d'habitants excédés. Lors d'une précédente manifestation le 10 février, 21 personnes, dont trois policiers, avaient été blessées.

Source : http://www.letempsdz.com