manifestants_5Après les élections législatives du 28 septembre 2013, qui ont doté le pays d’une Assemblée nationale, dernière étape vers la mise en place des institutions démocratiques, nombreux étaient les observateurs politiques qui s’accordaient à dire que la Guinée allait enfin vers une sortie définitive de sa longue crise politico-sociale. Comme l’a lui-même souhaité le président Alpha Condé, « le débat politique doit désormais se mener au sein de l’hémicycle et non plus dans la rue ». Malheureusement, le 18 février, c’est tout le contraire de cette aspiration que la Guinée a donné à voir au monde entier.

Au pays de Samory Touré, la violence et la politique sont comme deux sœurs siamoises

Gaz lacrymogènes, matraques, jets de pierres… La violence a repris ses droits dans les rues de Conakry, comme pour donner raison à cette minorité de pessimistes qui soutiennent qu’au pays de Samory Touré, la violence et la politique sont comme deux sœurs siamoises ; l’une ne pouvant pas vivre sans l’autre. A l’origine de ce retour à la violence, une rupture chronique de la fourniture d’électricité dans le pays. Selon les autorités guinéennes, « c’est l’avarie d’un transformateur desservant les lignes électriques qui est la cause des coupures ». Le Premier ministre guinéen a alors rassuré ses compatriotes que le courant serait rétabli dans un délai d’une semaine. Parole de politicien qui cherche, face à chaque situation, à gagner du temps ? Sans doute, puisqu’une semaine après, cette promesse est restée lettre morte. Mais cette fois-ci, la recette n’a pas marché. Exaspérés par les nombreuses promesses non tenues, les Guinéens ont laissé éclater leur colère dans les artères de la capitale. Une colère galvanisée par la volonté de défier le gouverneur de Conakry qui a l’outrecuidance de menacer « de traduire en justice tout manifestant ». C’est bien le comble, et il n’y a que dans nos républiques bananières qu’on exige d’un peuple à qui on refuse l’eau et l’électricité, de « la fermer ».
Cette nouvelle crise sociale relance la question de la gouvernance politique dans nombre de pays africains. En effet, nul n’a besoin de détenir une agrégation en économie pour comprendre l’importance, sinon le rôle indispensable que tient le secteur de l’Energie dans le développement économique d’un pays. Les dirigeants de la Guinée le savent bien puisque la question de l’Energie et de l’eau potable était en bonne place dans leurs thèmes de campagne aux dernières élections législatives. Pourquoi alors le problème de fourniture d’électricité et d’eau potable ne figure-t-il donc pas dans les priorités du gouvernement ?

Les peuples, qui ne dorment plus, sont de plus en plus déterminés à se servir de la rue pour faire entendre leurs causes

Pour un pays que l’on qualifie de scandale géologique à cause de l’énormité de son potentiel minier, il est difficile d’imaginer que la Guinée soit, à ce jour, dépendante sur le plan énergétique et « importe la totalité de sa consommation d’hydrocarbures ».
Comment les dirigeants guinéens espèrent-ils développer la Guinée, en négligeant le facteur énergétique ? Avec ces violences qui ne manqueront pas d’affecter sérieusement la crédibilité de son régime, Alpha Condé comprendra une fois pour toutes que pour ses compatriotes, l’Energie est une question de vie …ou de mort. 
Après le printemps des slogans flatteurs comme : « La santé pour tous en l’An 2000 » ou « l’Eau pour tous en l’An 2000 » qui n’ont été que des termes creux utilisés pour motiver les bailleurs de fonds occidentaux, les populations commencent à se faire une raison. Et comme un menteur démasqué « ne remplit plus l’œil » de son accusateur, les peuples, qui ne dorment plus, sont de plus en plus déterminés à se servir de la rue pour faire entendre leurs causes à ceux qui dorment. C’est une tendance générale qui est en train de gagner tous les peuples d’Afrique qui ne croient plus aux boniments des dirigeants laxistes et hypocrites.

Source : lepays.bf