manifestants_5Les manifestations de rue se multiplient à Conakry. Ce 12 mars, l’axe Nongo-Lambanyi (au Nord-ouest de Conakry) a été paralysé par des jeunes en colère qui ont barricadé la voie aux environs de 9h, au niveau d’un carrefour appelé « Carrefour Ambiance ». Ces manifestants réclament justice sur la mort d’un certain André, jeune mécanicien du quartier Nongo, qui aurait été poignardé hier nuit dans un restaurant du quartier, par un « vigile » que d’aucuns appellent élève gendarme, a-ton appris d’un confrère d’une radio se situant à quelques mètres de l’endroit.  Selon des témoins, la victime a succombé de ses blessures malgré les soins qu’il a reçus d’une clinique de Nongo.

Selon plusieurs témoignages concordants, l’incident est survenu quand « l’élève gendarme » a soupçonné le défunt d’avoir déversé des ordures devant le restau qu’il aurait été chargé de garder.


Dès que les habitants du quartier ont appris ce matin le décès du jeune André, les jeunes du quartier Nongo ont saccagé ledit restaurant, pour « venger la mort d’un des leurs », nous a indiqué une source jointe au téléphone. Les manifestants se sont servis de troncs d’arbres, des pierres et curieusement d’une citerne vide qui « gisait » dans les environs du carrefour Nongo, pour bloquer la circulation. Des pneus brûlés dégageant une épaisse fumée noire, ont également servi à barricader la route. Les usagers de cette voie ont du tout simplement se rabattre sur la voie Leprince. Les agents de sécurité déployés à Nongo à bord d’un camion de la police n’ont pu contenir les manifestants contre lesquels ils ont échangé des jets de pierre. Devenus maîtres des lieux, emporté par la colère, les manifestants ont obligé les étalagistes et les boutiquiers des environs à déserter l’endroit.

Les accrochages entre agents de maintien d’ordre et manifestants ont fait une dizaine de blessés dont six agents, selon un responsable du Commissariat central de Ratoma. Des voitures de particuliers ont vu leurs pare-brises volet aux éclats. L’une des voitures de la Croix-rouge guinéenne a vu toutes ses vitres brisées.

Dans la soirée, les manifestants ont décidé d’eux-mêmes rentrer dans leurs familles respectives.


D’une manif à l’autre

Alors que la manifestation de Nongo portait sur la colère des jeunes qui ont perdu un des leurs victime, dit-on, d’un coup de poignard d’un  « élève gendarme », une autre manif a été enregistrée dans la même commune, sur la voie Leprince, située plus au sud-ouest de Nongo. Dans le quartier Hamdallaye, au niveau du « carrefour N’gnaari-wada », les habitants de ce secteur ont occupé la rue pour réclamer l’eau. Selon des habitants de ce quartier, l’eau au robinet manque dans leur zone depuis au moins dix jours.


Les manifestants ont été dispersés par des gendarmes venus à bord de deux pick-up, à coup de gaz lacrymogène. Des échanges de jets de pierre entre les manifestants et les gendarmes auraient fait des blessés. Mais jusqu’au moment où nous mettions en ligne, aucun bilan n’avait été établi. Bien que le calme soit revenu dans le secteur de Hamdallaye-Prince dans la soirée, des agents veillaient au grain dans les parages, lorsque nous passions par là aux environs de 21h, heure locale. La circulation qui a été paralysée au début de la manifestation aux environs de 16h, avait cependant repris. Elle restait tout de même fluide, contrairement à l’habitude et à pareille heure du soir.


Les deux manifestations de rue de ce 12 mars succèdent à la manifestation du 10 mars des femmes de Bambéto qui réclamaient de l’eau dans les robinets. Cette manifestation  n’avait pas connu d’incident majeur, bien qu’elle a coïncidé à l’arrivée d’IBK, le président Malien à Conakry, pour une visite qui s’est achevée ce matin.

 

 

Aliou Diallo pour www.guinee58.com