bandit_mort_1A l’aube de ce 14 mars, les habitants du quartier Petit-Simbaya dans la commune de Ratoma, (Nord-est de Conakry) ont été réveillés par des tirs d’armes de guerre. Le matin, c’était la tristesse. Et pour cause ? Younoussa Diallo, jeune chauffeur de 34 ans, né à Télémilé résident dans le même quartier, présumé coupeur de route, a été retrouvé mort dans une Peugeot 504, non immatriculée.

Difficile de raconter, comment son corps était disposé derrière le volant de la Peugeot. Selon plusieurs témoignages concordants, il a été tué après une chasse à l’homme engagée par des agents de la Brigade anti-criminalité numéro 4 et 5, plus loin de là, dans le quartier Kipé, aux environs de 6h 40. L’un des correspondants de Guinee58 à Conakry s’est rendu sur les lieux, tôt ce matin. Il vous raconte dans ces lignes qui suivent la scène, avec les propos du Coordinateur général des BAC, Colonel Mamadou Soumah, dont voici un extrait qui explique les circonstances de la mort par balles réelles du présumé coupeur de route : « C’est aux environs de 6h 55 que j’ai été joint par mon adjoint pour me dire que mes unités, particulièrement la BAC 4 et la BAC 5 venait d’abattre un des bandits dans les confins de Petit-Simbaya. Immédiatement, je suis venu constater les faits. Les faits étant réels, je me suis dirigé vers les médias pour les témoignages… »


bandit_mort_2Younoussa Diallo a été abattu par les agents de la BAC, après une âpre course, rapportent des citoyens qui disent avoir entendu des coups de feu aux environs de 6h 40 dans leur quartier. Colonel Soumah précise que la course a commencé dans le quartier Kipé, environ deux kilomètres de là. « Depuis que j’ai dit à mes agents avant-hier (mercredi Ndlr) qu’il y a des bandits qui roulent dans cette zone à bord de voitures noires, le mercredi c’était dans une Mercédès noire, le mardi c’était dans une « Tracker » noire, hier, c’est dans une Peugeot 504, la chasse a commencé à partir de Kaporo-rails avec la BAC 5 qui a appelé la BAC 4 qui est venue bloquer la voie. « Le chauffeur, qui il faut le reconnaître, était un grand chauffeur, a heurté le pick-up de la BAC 4 et a continué son chemin. La BAC 4 fut immobilisée pour un instant et la BAC 5 a pris le relais. Ils l’ont pourchassé jusqu’ici, avant de réussir à l’abattre… »

Rappelons que les agents ont retrouvé un chargeur et trois étuis vides dans la Peugeot 504 à bord duquel a été tué Younoussa Diallo, sur qui, devant la foule, il a été trouvé un permis de conduire confectionné en son nom le 2 février dernier, sous le numéro 193122. Environs 10 mille francs guinéens et un téléphone portable ont été aussi retirés de ses poches.

Selon le colonel Soumah, Younoussa avait sur la banquette arrière trois de ses amis qui ont d’ailleurs échangé des tirs avant de prendre la fuite, lorsque le pneu avant du côté chauffeur a crevé, au niveau du ravin du quartier Kaporo, juste avant les quartiers Contéyah et Petit-Simbaya. Le coordinateur des BAC de Conakry indique parvoiture_bac ailleurs que depuis mardi denier, il ne dort pas avec « cette contrée-là. On ne fait que m’appeler pour me dire qu’il y a des tirs, des attaques dans cette contrée. Le mardi, un des bons citoyens m’a appelé à 2h du matin pour me dire qu’il y avait quatre ou cinq bandits à bord d’une Mercédès qui sont venus attaqués, près de chez Diallo Sadakadji à Kaporo. Les gens, avant l’arrivée des agents de la BAC, avaient pris la tangente. Mercredi aussi c’était la même chose à Kipé où ils avaient failli abattre une fille qui se trouvait à un étage. Parce que quand ils sont venus et ont tiré vers l’étage, la fille a voulu savoir ce qui se passait en bas, ils ont fait des rafales sur elle. Ce matin, je devais aller faire le constat là-bas. Parce qu’hier (jeudi Ndlr), c’est mon ami qui avait fait le constat et il m’a dit qu’il y avait effectivement des traces de balles à l’étage. »

Colonel Mohamed Soumah dit qu’il préfère « la prévention à la répression », avant d’appeler les citoyens à la bonne collaboration avec les agents anti-criminalité. Arguant que les bandits qui écument les quartiers obscurs de Conakry sont des Guinéens, connus dans des familles. Il a mis en garde les cliniques et unités de soins des quartiers qui donneraient des soins à « un blessé par balles sans le signaler aux forces de sécurité. » Il menace de fermer à jamais toute unité médicale qui s’opposerait à sa décision.

En moins d’une semaine, Conakry a enregistré au moins trois meurtres. Le mercredi, c’est le jeune tailleur, Saïdouba Bangoura, la vingtaine qui a été froidement assassiné par, dit-on des agents en patrouille, alors qu’il revenait de son atelier situé au marché Madina de Conakry. Dans la nuit du mardi au mercredi passé, André Loua, la cinquantaine, a été poignardé par un « élève gendarme » dans le quartier  Nongo, au carrefour dit « Carrefour-Ambiance », sur l’axe Kaporo-Lambanyi. Cela avait provoqué des émeutes de jeunes de ce quartier. La manifestation s’était soldée par une dizaine de blessés, dont six policiers. Ce vendredi matin, c’est Younoussa Diallo, présumé coupeur de route qui a été assassiné par les agents de lutte contre la criminalité appelés BAC, alors qu’il tentait de s’en fuir à bord d’une Peugeot 504. Tous ces cas sont enregistrés dans la commune de Ratoma.

Aliou Diallo pour www.guinee58.com