manifestants_5« La société civile guinéenne condamne l’usage disproportionné de la force pour réprimer  toutes formes d’expression citoyenne surtout pacifiques » en Guinée. Extrait de la déclaration du CNOSCG (Conseil national des organisations de la société civile guinéenne) publiée ce 27 mars. C’est Dr Dansa Kourouma, nouveau président du CNOSCG qui l’a lu à la presse, à Conakry, a-t-on constaté surplace. Cette sortie de la société civile fait suite à la manifestation du 21 mars dernier dans les sous-préfectures de Diécké et de Bignamou (préfecture de Yomou située à plus de 1000 kilomètres au sud-est de Conakry). La manifestation aurait été réprimée dans le sang par des « bérets rouges » à la sole de Jean-Smith Sandy, le préfet de Yomou. La répression aurait fait quatre morts, selon un bilan non officiel. S’y ajoutent de nombreuses arrestations, des portés disparus, de dégâts matériels importants marqués par des habitats endommagés.

Ce sont des femmes de plusieurs villages de cette sous-préfecture du Sud de la Guinée qui avaient descendu dans la rue en soutien aux jeunes qui réclament la transparence dans le recrutement et de meilleures conditions à la SOGUIPAH (Société Guinéenne de Palmiers à Huile et d’Hévéas) installée à Diécké.

« Le Conseil national des organisations de la société civile de Guinée déplore de nombreuses victimes civiles, des blessés, des portées disparues et des dégâts matériels importants », lit-on dans la déclaration. Il appelle cependant les populations des localités concernées à la « retenue et au dialogue pour éviter à tout prix l’usage de la violence comme moyen d’expression citoyenne. » Il appelle ses représentants dans la région de N’Zérékoré à s’impliquer dans la guéguerre pour un retour au calme et à la sérénité dans les villages ayant manifesté.

Le Conseil national des organisations de la société civile de Guinée a demande l’arrêt de ce qu’il a appelé « hostilités ». Il demande aussi l’ouverture d’une « enquête judiciaire pour mieux élucider la situation et traduire devant les juridictions compétentes les coupables, commanditaires et complices. »

Et d’insister à réclamer la « libération sans condition, des citoyens et citoyennes arrêtés et détenus dans les geôles de Diécké, la création de conditions favorables au retour des personnes en fuite et la restauration des habitations endommagées. »

Historique

Pour un rappel des faits, la société civile de Guinée a cru avoir apporté des éclaircissements dans sa déclaration dont voici un extrait. « Sur la base des constatations faites par une dépêche du Conseil Régional des OSC de  N’Nzérékoré, le 28 janvier 2014, les jeunes de Diécké et de Bignamou  (Sous préfectures sites de la SOGUIPAH) ont adressé un mémorandum aux autorités à tous les niveaux (des communes rurales à la Présidence de la République), pour dénoncer les abus dans le processus de recrutement du personnel et la mauvaise gestion de la SOGUIPAH tout entière. Sur les faits, un test de recrutement a été organisé par la société en Novembre 2012.  Malheureusement, les résultats de ce fameux test n’ont jamais été publiés. Cependant, certains candidats et bien d’autres qui n’ont pas fait le test sont recrutés et employés par la SOGUIPAH sur des bases très irrationnelles.  

En ce  qui concerne les relations de la Société avec ses populations riveraines, des conflits portant sur le traitement des planteurs non assistés et ceux ayant bénéficié des plantations familiales avec l’appui financier et technique de la Société, persistent encore. En plus, des engagements pris au départ et portant sur la réalisation des infrastructures sociales (route, école, structures sanitaires, ouvrages de franchissement, électricité) ne sont pas honorés. S’ils le sont, ces engagements le sont uniquement pour la SOGUIPAH et ses travailleurs cadres.

A ces revendications, le Préfet de Yomou oppose une attitude arrogante et incitatrice à la désobéissance. Heureusement, dans sa sagesse confirmée, le Gouverneur de la région de Nzérékoré apaise les esprits par des promesses et ouvre ainsi une piste favorable au dialogue.

Après 2 mois d’attente stérile, les femmes des communes rurales de Diécké et de Bignamou ont décidé de témoigner leur solidarité avec leurs enfants, devenant de plus en plus désespérés.

Ainsi le Vendredi 21 Mars 2014, une marche pacifique animée par des instruments de musique traditionnels qui se termine par un sit-in encore pacifique devant la cour de la Direction de la SOGUIPAH ou elles y passent la nuit. Elles sont jointes par les deux Dames anciennes Maires des Communes urbaines de N’Zérékoré et de Yomou, qui auraient été acceptées Facilitatrices du dialogue.

Cette période de début de consensus aurait été malheureusement interrompue par le Préfet de Yomou qui, malgré la réticence des autorités militaires de Yomou,  a ordonné la  dispersion par la force de ce mouvement pacifique des femmes à l’aide des tirs de sommation, des gaz lacrymogènes et des coups de matraques ; suivie de représailles dans les villages sud de Koimpa, Zimpa et Baala par des bérets rouges (commandos rangers) qui prennent d’assaut les 3 localités su-citées. Fortement armés, ces hommes en uniforme auraient fait usage des armes de guerre contre de paisibles citoyens. »

 

La Rédaction ww.guinee58.com