alhassane_condeLes violences à Djéké, sous-préfecture de Yomou (Sud Est de la Guinée) brulent l’actualité politico-sociale de ces dernières semaines. Face à la levée de boucliers que ces violences ont provoquées, les acteurs politiques s’y sont mêlés. C’est ainsi que le tonitruant JM DORE est monté au créneau pour demander le limogeage du préfet de Yomou, Jean Smith Sandy. A noter que ce dernier est toujours convalescent suite aux blessures dont il avait été victime lors de ces manifestations. Le charismatique président du Bloc Libéral Faya Millimono avait quant à lui directement accusé  le président Condé d’être le responsable de ces violences qui avaient entrainé des pertes en vies humaines ainsi que des dégâts matériels importants sans qu’aucune enquête judiciaire ne soit ouverte ni des sanctions administres ne soient prononcées à l’encontre des membres des forces de défenses et de sécurités.

Historique de la SOGUIPAH

L’histoire de la SOGUIPAH (Société Guinéenne de Palmiers à Huile et d’Hévéa) a proprementsoguipah débuté en 1987, grâce à l’engagement de l’Etat Guinée et de certains partenaires étrangers, qui avaient trouvé en cette zone, les conditions climatique et du sol, très favorables pour la promotion agro industrielle. Il s’agit d’une réserve foncière de 22000 ha, pour les cultures de palmiers à huile et d’hévéa.

La SOGUIPAH qui gère des plantations d’Hévéas, de Palmiste et de Riz possède une huilerie, une savonnerie et une usine de traitement du coagulum. C’est une grosse entreprise avec plus de 3500 salariés. L’usine est à Djécké et le siège est à Conakry.

Pour éviter que les petits planteurs ne soient lésés, un pacte avait été conclu entre la SOGUIPAH et les planteurs locaux afin que celle-ci absorbe leurs récoltes à prix qui favorise leur développement. Un accord avait été également paraphé entre la SOGUIPAH et les autorités locales pour que les autochtones soient privilégiés dans les recrutements à compétence égale par rapport aux candidats venants d’autres contrées du pays.

La genèse du conflit

Si dans les premières années qui ont suivi son implantation, la SOGUIPAH avait suivi à la lettre ces deux conventions majeures qui la liaient aux autochtones. Elle a fini par fouler à terre, ces deux conventions.

mariama_camara_soguipahDepuis une quinzaine d’années, la SOGUIPAH est rentrée dans les sales besognes en corrompant les autorités locales et celles de Conakry par l’intermédiaire de son éternelle Directrice Générale Mariama Camara. A noter que cette dernière est à la tête de cette société depuis plus de vingt ans en violation flagrante du règlement qui limite son nombre de mandat à deux. Lors de son éphémère passage à la tête de la magistrature suprême, l’ivrogne Sékouba Konaté avait démis de ses fonctions Mariama Camara à la tête de la SOGUIPAH avant de se rétracter quelques jours plus tard après avoir reçu une enveloppe en billets de banques sonnants et trébuchants.

Pour avoir les autorités de Conakry dans ses poches, la DG de la SOGUIPAH a une stratégie bien huilée. Il s’agit d’orienter une partie des récoltes de plantation aux différents ministres directement impliqués dans sa gestion. Ces récoltes qui représenteraient une manne financière non négligeable constituent un trésor de guerr de la SOGUIPAH contre les autochtones qui sont laissés pour compte par les autorités Guinéennes à tous les niveaux. Tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête de notre pays en ont bénéficié des largesses de la SOGUIPAH.

Abandonné à eux même, les autochtones ont profité de la dernière présidentielle pour faire entendre leur voix. C’est ainsi qu’un mémorandum avait été envoyé aux deux finalistes de la dernière présidentielle. Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé s’étaient engagés à faire respecter les engagements pris par la SOGUIPAH lors de son implantation à Djéké.

Le ministre Alhassane Condé au cœur d’un scandale financier

C’est dans ce contexte que le RPG arc en ciel est arrivé aux manettes à la suite d’uneargent-billets1 mascarade électorale de grande ampleur par la complicité des autorités de transition, Sékouba Konaté et JM DORE.

Quelques mois après sa prise de fonction, c’est tout naturellement que les associations de Djéké épaulées par la coordination de la forêt se sont rendues au ministère de l’Administration du territoire pour évoquer ce fameux mémorandum dûment signé par le candidat Alpha Condé. A la fin de l’entretien, le ministre Alhassane Condé avait promis d’user de tout son poids sur la SOGUIPAH afin qu’elle respecte ses engagements à savoir privilégier les jeunes autochtones dans les emplois à compétences égales puis d’acheter les récoltes des particuliers au prix du marché.

Il n’en fallait pas plus à Mariama Camara, la DG éternelle de la SOGUIPAH pour réchauffer ses méthodes peu orthodoxes.  Depuis, le ministre Alhassane Condé et son entourage auraient été approchés par Madame Camara afin de les dissuader d’aller au bout de faire respecter le deal signé entre elle et les planteurs locaux. De sources proches du dossier, pour y arriver, plusieurs centaines de millions auraient été versés au ministre Alhassane Condé. Depuis le premier versement de trois cent millions de francs guinéens, Alhassane Condé aurait dessaisi ce dossier brûlant qui se révèle être juteux aux autorités préfectorales et régionales. Désormais, le problème qu’il soit minime ou immense, il est directement géré par le ministre Alhassane Condé. Pire encore, le ministre Alhassane Condé refuserait tout contact avec les associations locales qui défendent sans relâche les intérêts des petits planteurs indépendants.

A chaque fois que des revendications étaient remontées au ministère, Mariama Camara les étoufferait en versant de l’argent au ministre Alhassane Condé. De sources bien informées, l’argent qu’avait reçu le ministre Condé avoisinerait le milliard de francs guinéens. Résultat des courses, au lieu de chercher à sortir par le haut lors de ces manifestations en négociant sans partis pris entre les deux belligérants, le pouvoir corrompu de Conakry avait opté pour la répression. Des vies humaines avaient été emportées, des pertes de matériels importants et des blessés graves avaient également été signalés sans qu’aucune enquête judiciaire ou administrative ne soit diligentée.

Nos multiples tentatives de joindre le ministre Alhassane Condé pour avoir sa version se sont soldées par des échecs. Le hic est que son enrichissement personnel s’est fait sur des pauvres gens sans que la crise locale ne soit résolue qui demeure d'ailleurs très vivace à Yomou.

Affaire à suivre …

Frederic Haba et Aly Soumah, www.guinee58.com