collectif_adpDans la matinée de ce 5 mai, l’opposition a écrit au Premier ministre guinéen, Mohamed Saïd Fofana pour lui demander notamment, l’ouverture « d'un cadre permanent de dialogue politique. » Celui-ci doit réunir « tous les signataires de l'accord politique du 03 juillet 2013», a exigé l’opposition au Premier ministre guinéen.

L’objectif sera apparemment de faire  « le point sur la mise en œuvre de cet accord et d'identifier les faiblesses constatées au niveau du cadre juridique et institutionnel des élections, afin de définir et programmer les corrections éventuelles à envisager avant le prochain scrutin ».

L’opposition avait commencé à essuyer de sérieuses critiques de la part de certains observateurs de la scène politique guinéenne, face à son silence d’interpeller le pouvoir d’Alpha Condé. Lequel a violé l’accord signé le 3 juillet 2013 entre les acteurs du dialogue inter-guinéen que sont principalement l’opposition, la mouvance présidentielle et le pârti au pouvoir. Rappelons que le dialogue inter-guinéen avait été piloté par Saïd Djinnit, Représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies en Afrique de l’Ouest. L’opposition, selon des indiscrétions va lui adresser un courrier dans les prochains jours, pour lui signifier que le pouvoir de Conakry n’a pas encore respecté le contenu de l’accord qu’il a pu obtenir le 3 juillet 2013. Toujours est-il que Guinee58, votre quotidien, vous livre l’intégralité de la lettre de l’opposition guinéenne du 2 mai, déposée le 5 mai chez le PM Mohamed Saïd Fofana. Bonne lecture !

  

Conakry le 2 mai 2014

Monsieur le Premier Ministre de la République de Guinée

Objet: Accord politique inter-guinéen du 03 juillet 2013

 

Monsieur le Premier Ministre,

Nous voudrions rappeler à votre aimable attention que c'est pour mettre un terme à la spirale de violence dans laquelle était plongé notre pays à l'occasion des manifestations politiques liées à l'organisation des dernières élections législatives, qu'un dialogue politique s'est tenue aux mois de Juin et juillet 2013 entre l'opposition républicaine d'une part et la mouvance présidentielle et le gouvernement, d'autre part, avec la participation de représentants de la communauté internationale.

L'accord politique inter guinéen qui en a résulté le 03 juillet 2013 a fortement contribué à la création du climat d'apaisement qui permit l'organisation du scrutin législatif du 28 septembre dernier.

Nous sommes cependant au regret de constater que des dispositions importantes de cet accord politique demeurent encore inappliquées. Il s'agit en particulier des questions essentielles suivantes:

  •  L'organisation des élections communales initialement prévues avant la fin du 1er        trimestre de 2014;
  •  Le choix, par appel à la concurrence internationale, d'un nouvel opérateur technique pour la révision du fichier  électoral;
  •  L'identification et la poursuite judiciaire des auteurs et commanditaires des actes de violence liées aux manifestations politiques relatives aux législatives;
  •  L'indemnisation des victimes des dernières manifestations politiques en rapport avec l'organisation des élections législatives;
  • Le respect du principe constitutionnel de neutralité du service public au niveau de l'administration centrale, déconcentrée et décentralisée , de même qu'un égal accès des partis politiques aux médias d'état et aux places publiques.

Les différentes structures de suivi et de veille chargées de garantir la réalisation effective de leurs engagements respectifs par les parties prenantes à ce dialogue politique ont été dissoutes au lendemain des élections législatives de 2013. Et tous nos appels en direction du Gouvernement et de sa mouvance politique en faveur de la création d'un cadre de concertation sont restés sans effet.

Cette situation est d'autant plus grave qu'elle semble être à la fois la conséquence d'un déficit de dialogue volontairement entretenu et le résultat d'une absence totale de volonté politique des autorités publiques actuelles qui ne manifestent aucune intention de respecter les engagements auxquelles elles ont librement souscrits.

Pour parer à la survenance d'une nouvelle crise politique dont nul ne peut prévoir l'envergure et les conséquences, nous vous réitérons notre disponibilité à participer à toute rencontre avec les parties prenantes à l'accord du 03 juillet 2013, afin de convenir, par le dialogue, des conditions nécessaires à la levée de tous les obstacles liés à l'application intégrale et immédiate des dispositions convenues.

C'est dans ce cadre que l'opposition républicaine, soucieuse de la préservation de la paix sociale, vous invite instamment à initier la mise en place d'un cadre permanent de dialogue politique qui réunirait tous les signataires de l'accord politique du 03 juillet 2013, dans le but de faire le point sur la mise en œuvre de cet accord et d'identifier les faiblesses constatées au niveau du cadre juridique et institutionnel des élections, afin de définir et programmer les corrections éventuelles à envisager avant le prochain scrutin.

Dans l'attente d'une suite favorable et diligente, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de notre haute considération.

 

Pour les partis politiques membres de l'Opposition Républicaine

Le porte-parole

Aboubacar Sylla