cafPrésident de la Confédération africaine de football depuis 1988, le Camerounais a été détrôné par le Malgache Ahmad Ahmad qui a récolté 34 voix sur 54.

C'est la fin d'un vrai dinosaure du football que vient de vivre la capitale éthiopienne où a eu lieu le vote pour la présidence de la Confédération africaine de football. Issa Hayatou promettait une "nouvelle ère", trente des cinquante-quatre délégués de pays africains membres de la CAF ont préféré le remplacer. C'est donc la fin du dernier dinosaure du sport mondial, un homme qui aura régné près de 30 ans sur le football africain. À la surprise générale donc, le Camerounais a été détrôné ce jeudi par le Malgache Ahmad Ahmad qui aura réussi là où, malgré les affaires, Hayatou avait réussi à passer entre les gouttes et éviter de subir le même sort que Sepp Blatter, ex-président de la Fifa, et Michel Platini, ex-président de l'UEFA.

"Il était temps de se retirer"

À l'annonce des résultats officiels d'un vote organisé dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, les poings victorieux se sont levés et une clameur a monté dans la salle rassemblant les représentants des fédérations africaines votantes : 34 voix pour M. Ahmad, contre 20 pour M. Hayatou, a indiqué l'AFP. "Si je pensais que je ne pouvais pas y arriver, je ne me serais pas présenté", a déclaré à la presse M. Ahmad, peu après l'annonce des résultats, alors que son rival était escorté en dehors de l'auditorium, refusant de s'adresser aux journalistes.

Le vice-président de la puissante Fédération ghanéenne, George Afriyie, a estimé devant la presse que si "son excellence Issa Hayatou a fait beaucoup pour le football africain (...), il était temps pour lui de se retirer". Le son de cloche est le même côté nigérian. "Hayatou est un colosse, vraiment, il a dominé le football africain pendant des décennies", a souligné Seyi Akinwunmi, vice-président de la fédération nigériane.

Mais "le monde a changé, nous avons vraiment besoin d'énergie, et la vérité, c'est qu'Issa Hayatou a 70 ans", a-t-il ajouté, saluant l'élection de M. Ahmad comme le début d'une "nouvelle ère". "Le monde a changé en termes de technologie et la manière dont on le perçoit également. Et en discutant avec M. Ahmad, j'ai trouvé qu'il comprenait ces choses-là", a-t-il poursuivi.

Le souffle de la corruption pas éloigné pour autant

M. Ahmad, ancien joueur, entraîneur et ministre de la Pêche de son pays, avait mené campagne contre le président sortant en promettant "une transparence dans la gestion" de la CAF et la fin des "pratiques obsolètes", tandis qu'Issa Hayatou avait évoqué jeudi matin "une expérience et une sagesse inégalées". Pourtant, aucun des deux hommes ne peut se targuer d'une réputation sans failles. Le nom de M. Ahmad a ainsi été cité par le Sunday Times dans l'affaire de corruption qui a entouré l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Selon le journal britannique, il aurait perçu 30 000 à 100 000 dollars en échange de son vote pour le Qatar, ce que l'intéressé dément formellement.

Personnage controversé, soupçonné notamment d'avoir accepté de l'argent en échange d'un soutien au Qatar pour l'obtention du Mondial 2022, M. Hayatou a toujours rejeté ces accusations. Il n'a jamais été suspendu par la Fifa, dont il avait assuré la présidence par intérim quand Sepp Blatter a été emporté par les affaires et les scandales. Mais il avait reçu un blâme du CIO, dont il est devenu membre en 2001, pour avoir perçu de l'argent de la société de marketing ISL, en charge du marketing de la Fifa et disparue dans une faillite retentissante en 2001. En revanche, son bilan marketing à la tête de la CAF est salué.

Infantino a-t-il eu la tête de Hayatou ?

Quoi qu'il en soit, les regards se tournent vers le président de la Fédération internationale (Fifa), Gianni Infantino, qui était présent à Addis Abeba pour assister au vote. Et des rumeurs ont fait état de son soutien - non déclaré publiquement - à Ahmad Ahmad. Le patron du foot mondial, dont l'éventuelle influence dans l'élection reste à établir, y aurait vu un moyen de prendre sa revanche contre Hayatou, qui avait soutenu Sheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa lors de l'élection à la présidence de la Fifa en février 2016.

Lors de son dernier discours en tant que président devant l'Assemblée générale de la CAF, Issa Hayatou avait évoqué certains des dossiers qui occupent actuellement le football africain. Après la décision de la Fifa en janvier d'étendre la Coupe du monde de 32 à 48 nations, il avait notamment réaffirmé la volonté africaine d'obtenir 10 places de participants, "une attente en adéquation avec le niveau de développement de notre football, et ce que notre continent représente au sein de la Fifa". Il ne sera plus là pour donner son avis et être entendu. La partie est bel et bien finie pour le Camerounais.

Source www.lepoint.fr